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Réactions

Célébrations de la mort de Jean-Marie Le Pen : la porte-parole du gouvernement s’indigne… avec les mots du fondateur du FN

A l’initiative de plusieurs organisations, des «apéros géants» ont été organisés dans plusieurs villes de France pour célébrer la mort de Jean-Marie Le Pen. Des célébrations défendues par une partie de la gauche mais qui n’a pas du tout été au goût de la droite et de l’extrême droite.
La place de la République à Paris était le lieu de fête pour tous ceux qui souhaitaient célébrer la mort du dirigeant d'extrême droite, le 7 janvier 2024. (Sarah Meyssonnier/Reuters)
publié le 8 janvier 2025 à 12h28

A l’appel de différents collectifs ou partis politiques, à l’instar du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) de Philippe Poutou ou encore des Inverti.es, des rassemblements ont été organisés dans plusieurs villes de France mardi 7 janvier pour célébrer la mort de Jean-Marie Le Pen. Feux d’artifice, champagne, chants : les images de liesse ont fait le tour des réseaux sociaux et des chaînes d’informations en continu. Et n’ont pas plu à tout le monde. «Mort, même l’ennemi a droit au respect», a lancé la porte-parole du gouvernement Sophie Primas lors du compte rendu du Conseil des ministres ce mercredi 8 janvier en début d’après-midi, reprenant une formule de… Jean-Marie Le Pen. Le fondateur du Front national (FN) l’avait utilisé après le décès en 2019 de Jacques Chirac. L’ancienne sénatrice Les Républicains des Yvelines a tout de même précisé que Jean-Marie Le Pen avait eu, au cours de sa carrière politique, «des propos tout à fait inacceptables» et «agi de façon parfois inacceptable».

«J’ai trouvé ça nul»

Ces mêmes critiques avaient déjà été émises par d’autres membres du gouvernement, dont Bruno Retailleau dans un message publié sur X. «La mort d’un homme, fût-il un adversaire politique, ne devrait inspirer que de la retenue et de la dignité», a fustigé le droitier ministre de l’Intérieur, qualifiant de «honteuses» ces images de liesse. Des critiques soutenues par le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, invité d’Europe 1 et CNews. «Il faut poursuivre le combat politique avec les vivants mais il faut respecter les morts. C’est une affaire de dignité je crois», a estimé l’ancien de l’UMP.

Moins virulent que le gouvernement, le député socialiste Jérôme Guedj n’a pas non plus goûté à cette fête. «J’ai trouvé ça nul», a réagi l’élu de l’Essonne, invité de la matinale de Public Sénat ce mercredi. S’il rappelle avoir toujours combattu Jean-Marie Le Pen et ses idées, il n’adhère pas à ces festivités. «Je pense qu’il faut une certaine grandeur d’âme pour être capable de ne pas se réjouir de la mort d’un homme quel qu’il soit, estime-t-il. Je trouve nul de se réjouir de la mort d’un homme, je trouve nul aussi d’édulcorer le parcours de celui-ci. Ce n’est pas une grande figure de la vie politique.» Une critique directe visant François Bayrou, qui a utilisé ces mots pour qualifier l’ancien dirigeant d’extrême droite, plusieurs fois condamné pour «contestation de crime contre l’humanité».

«C’est un ennemi de la République»

Autre son de cloche de la gauche sur TF1 ce mercredi matin. Sans relayer ces appels à fêter la mort de Jean-Marie Le Pen, Mathilde Panot, cheffe de file des députés insoumis, a défendu ces «apéros géants», invoquant, comme d’autres mélenchonistes depuis mardi soir, «l’esprit Charlie». «Ça ne me choque pas», a commenté la députée du Val-de-Marne, critiquant à son tour les hommages rendus par François Bayrou et Bruno Retailleau. «Monsieur Jean-Marie Le Pen n’est pas juste un adversaire politique comme ça a été dit par monsieur Retailleau ou même une grande figure de la vie politique française comme ça a été dit par monsieur Bayrou. C’est un ennemi de la République», s’est-elle agacée.

Sans surprise, la plupart des critiques contre ces rassemblements festifs sont venus de l’extrême droite. Des images qui «donnent la nausée» pour Eric Ciotti, qui avait salué, la veille, le «courage» et le «patriotisme sincère» de l’ancien tortionnaire en Algérie, résumant sa vingtaine de condamnations à des «zones d’ombre». Il demandait pourtant l’exclusion de Le Pen-père du Front national en 2015, après que l’ancien candidat d’extrême droite avait maintenu que les chambres à gaz étaient «un détail de l’histoire». Sur TF1, le premier vice-président du parti, Louis Aliot, s’est aussi attaqué vigoureusement à ces rassemblements. «Je me méfie beaucoup de ces manifestations spontanées de haine, sur la mort d’un homme, sur la mort d’un Français, sur la mort d’un patriote», a-t-il affirmé.

Depuis le lancement de ces «apéros» pour fêter la mort de Jean-Marie Le Pen, Philippe Poutou et le NPA n’ont pas réagi, ni republié des images de ces festivités.

Dans la nuit du mardi au mercredi, le député RN du Pas-de-Calais Antoine Golliot a annoncé que sa permanence avait été dégradée. Il a publié à l’appui des photos de tags en rouge «RIP Bozo», «JMLP mort, tuons le RN», «nique le FN» et «Ciao Jean-Marie» sur l’entrée et la façade vitrée.

Mis à jour à 15 h 42, avec l’ajout des tags sur la permanence d’un député RN.