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Reconnaissance de la Palestine : les drapeaux sur les mairies divisent la classe politique, Faure en appelle à Macron

A la veille de l’annonce par Emmanuel Macron à l’ONU de la reconnaissance de l’Etat palestinien, dirigeants de gauche et de droite se sont à nouveau affrontés sur la question ce dimanche 21 septembre.

La mairie de Malakoff, dans les Hauts-de-Seine, ce dimanche 21 septembre 2025. (Christophe Ena/AP)
Publié le 21/09/2025 à 18h46

Entre soutiens aux maires et appel à les «condamner» en justice, la classe politique a continué à se diviser ce dimanche 21 septembre sur le pavoisement ou non des mairies avec des drapeaux palestiniens, à la veille de la reconnaissance par la France de l’Etat de Palestine.

Ils «doivent être mis sur les frontons des villes qui le souhaitent», a insisté ce dimanche matin sur LCI Marine Tondelier. La patronne des Ecologistes a souligné que des «mairies écologistes l’ont fait depuis plusieurs mois», et appelé à poursuivre le mouvement lundi ou mardi en fonction des situations locales. «On est pour cette initiative bien sûr», a aussi soutenu le député LFI Eric Coquerel sur France 3.

Et ce, malgré les avertissements de Bruno Retailleau. Le ministre de l’Intérieur démissionnaire, et patron du parti Les Républicains, a fait valoir que «la justice administrative a ordonné […] le retrait de drapeaux palestiniens du fronton de mairies, au motif qu’ils portaient gravement atteinte au principe de neutralité des services publics». Et d’exhorter à «ne pas importer le conflit du Proche-Orient». Son ministère a demandé aux préfets de s’opposer au pavoisement des mairies et autres édifices publics en saisissant la justice administrative. Sans réclamer pour autant le même traitement vis-à-vis des drapeaux ukrainiens.

Ainsi le tribunal de Cergy-Pontoise (Val-d’Oise) a ordonné samedi à la mairie de Malakoff (Hauts-de-Seine) de retirer de son fronton un drapeau palestinien, déjà hissé. En vain, la maire communiste Jacqueline Belhomme, faisant savoir qu’elle ne comptait ni interjeter appel ni retirer le drapeau avant mardi.

Faure demande à Macron «d’autoriser» le pavoisement

Pour le patron des députés PS, Boris Vallaud, le ministre «se trompe d’interprétation juridique», relevant qu’après les attaques meurtrières du mouvement palestinien Hamas le 7 octobre 2023, «des mairies ont hissé à juste raison le drapeau israélien», et «qu’il y a aussi des drapeaux ukrainiens» sur certains édifices.

Quant à Olivier Faure, inspirateur de cette idée, il a profité d’une marche à Paris ce dimanche en soutien aux Palestiniens pour accuser Bruno Retailleau de ne «pas avoir digéré» la décision d’Emmanuel Macron de reconnaître la Palestine. Le premier secrétaire du Parti socialiste a également demandé dans une lettre au président de la République «d’autoriser» lundi le pavoisement de drapeaux palestiniens au fronton des mairies qui le souhaitent. «Il s’agirait non seulement d’un acte fort envers tous ceux qui sont attachés à la résolution du conflit israélo-palestinien, mais cohérent avec la position de la France que vous proclamerez devant la communauté internationale», a-t-il plaidé.

Reste que tous les maires, mêmes socialistes, ne seront pas alignés. Laurent Cathala (Créteil, Val-de-Marne) estime que «la première de ses responsabilités doit être de préserver la cohésion sociale au sein de la commune», et ne suivra pas l’appel d’Olivier Faure.

Son homologue de Saint-Denis, Mathieu Hanotin, hissera au contraire le drapeau pour la journée de lundi, arguant qu’il «ne s’agit pas d’un acte militant de longue durée qui viendrait finalement à changer la nature du bâtiment municipal», quand le maire de Saint-Ouen, Karim Bouamrane, a annoncé à la Tribune Dimanche qu’il entendait déployer des drapeaux palestiniens et israéliens. A Brest la mairie, qui arbore le drapeau ukrainien depuis 2022, a choisi une solution alternative et illuminera lundi le bâtiment aux couleurs du drapeau palestinien.

Des choix aux antipodes du Rassemblement national, le député de l’Oise Philippe Ballard accusant sur France 3 les édiles ayant prévu d’arborer le drapeau palestinien de «communautarisme de bas étage». Même écho du côté du vice-président de LR François-Xavier Bellamy, qui a estimé dimanche sur BFMTV qu’il fallait que les maires qui hissent le drapeau palestinien «soient condamnés».