Le consensus est loin. Comme à chacune de ses déclarations sur le conflit israélo-palestinien, Emmanuel Macron a relancé les débats en annonçant mercredi 9 avril, dans une interview pour l’émission C à vous sur France 5, que la France pourrait reconnaître l’existence d’un Etat palestinien en juin, à l’occasion d’une conférence avec l’Arabie Saoudite aux Nations Unies. Si son camp et la gauche se sont félicités des propos du chef de l’Etat, l’extrême droite juge sa position «prématurée».
Sur RTL, l’ancien président socialiste François Hollande a ainsi estimé que si cette reconnaissance «vient dans un cadre qui permet à des pays qui ne reconnaissent pas Israël de le faire et à d’autres pays qui ne reconnaissent pas l’Etat palestinien de le faire, c’est un bon processus». Il a néanmoins rappelé que c’était «purement déclaratoire». «Ce qui compte, c’est qu’un jour, il puisse y avoir un Etat palestinien, mais que le Hamas n’y soit pas et que Gaza puisse être une zone où les Gazaouis vivent, tout simplement», a-t-il développé.
«Il faut que les parties se reconnaissent mutuellement»
«Enfin. Après près de deux ans de génocide à Gaza, la France envisage enfin de reconnaître l’Etat de Palestine», s’est réjouie sur le réseau social X la cheffe des députés LFI Mathilde Panot, rappelant que «147 pays l’ont déjà fait» et réclamant que «ce geste, arraché de haute lutte» se traduise «en acte». «Un an et six mois après LFI, ces gens comprennent enfin que la solution politique est la seule possible», a de son côté posté Jean-Luc Mélenchon.
Son homologue du Modem, Marc Fesneau, a qualifié de «bonne idée» la proposition du président de la République, avant d’insister sur le principe d’«une clause de réciprocité». «Il faut que les parties se reconnaissent mutuellement : les Palestiniens ont droit à un Etat, les Israéliens ont droit à un Etat, les deux ont le droit de vivre en sécurité dans un régime démocratique», a-t-il déclaré sur TF1. Il s’est néanmoins inquiété du fait que le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou envisage d’«évacuer l’idée que les Palestiniens aient droit à un Etat, quitte à occuper l’ensemble du territoire».
«Nous avons toujours des otages dans la bande de Gaza»
A l’inverse, le vice-président du Rassemblement national, Sébastien Chenu, a jugé sur LCI toute reconnaissance «prématurée». Si le parti d’extrême droite est «favorable à deux Etats», reconnaître aujourd’hui la Palestine comme un Etat, ce serait l’«adosser au Hamas». «C’est envoyer un signal : faites du terrorisme et on vous reconnaîtra des droits», a-t-il balayé, estimant que le Président français mettait «la charrue avant les bœufs, probablement pour des raisons intérieures, pour envoyer des signaux».
Une opinion partagée aussi à droite, par le président LR du Sénat, Gérard Larcher : «Nous avons toujours des otages dans la bande de Gaza, nous avons toujours des attaques du Hamas, nous avons malheureusement une Autorité palestinienne extrêmement faible», a expliqué ce dernier sur Europe 1 jeudi matin.