Eté 2003. Xavier Bertrand a 38 ans, Jacques Chirac est à l’Elysée. Au Palais-Bourbon, dans la nuit du 2 au 3 juillet, les députés adoptent la réforme des retraites portée par François Fillon. Dans l’hémicycle, trois semaines durant, le député de l’Aisne, désigné corapporteur du texte, ferraille pour défendre l’alignement de la durée de cotisation des fonctionnaires sur celle des salariés du privé et l’allongement progressif de la durée de cotisation pour tous.
L’élu de Saint-Quentin fait le job. La chiraquie remarque alors ce jeune ambitieux qui, dès la création de l’UMP en 2002, s’était frotté aux retraites, jusqu’à devenir le spécialiste maison. A deux journalistes (1), Bertrand confiera quelques années plus tard : «Là, j’ai eu du pouvoir : j’ai introduit les amendements sur l’emploi des seniors, la pénibilité au travail et le droit d’information sur les retraites.»
«On sent monter une colère sourde»
Vingt ans plus tard, le président des Hauts-de-France renfile le costume. Discret ces derniers mois, Bertrand s’offre ces jours-ci une séquence médiatique bien huilée. Le patron de «Nous France», son club personnel, multiplie les réunions publiques pour décocher ses flèches contre une réforme qu’il juge «profondément injuste». Après Marcq-en-Barœul (Nord) et Colmar, Bertrand doit se déplacer à Orléans et dans le Calvados. Lundi soir, il était à Paris, à la mairie du XVIIe arrondissement (salle Jacques-Chirac, pour le clin d’œil). Un brin ronflant, l’exercice lui permet d’engranger des récits personn