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Réforme des retraites : Macron en appelle à l’«esprit de responsabilité» des syndicats

Dans une rare prise de parole sur sa réforme contestée, le président de la République a enjoint les syndicats depuis Bruxelles à ne «pas bloquer la vie du reste du pays».
Emmanuel Macron en conférence de presse à Bruxelles, dans la nuit de jeudi à vendredi. (Johanna Geron/REUTERS)
publié le 10 février 2023 à 8h11

Il ne s’exprime que rarement sur cette réforme pourtant présentée comme l’une des principales de son second quinquennat. Et encore moins sur des sujets de politique intérieur depuis l’étranger. Emmanuel Macron a dit dans la nuit de jeudi à vendredi compter sur «l’esprit de responsabilité» des syndicats pour que leur mouvement contre sa réforme très contestée des retraites ne bloque pas «la vie du reste du pays». «Je souhaite d’abord que le travail puisse se poursuivre au Parlement», «c’est ainsi que la démocratie doit fonctionner», a déclaré le chef de l’Etat lors d’une conférence de presse à l’issue d’un sommet européen à Bruxelles.

Alors que les débats à l’Assemblée nationale ont été souvent chahutés depuis le début de la semaine, il a jugé «important que ce travail puisse se faire dans le cadre le plus serein et le plus professionnel, que la majorité et les oppositions puissent s’exprimer». «Il y a ensuite des manifestations et des mouvements de grève qui continueront de s’organiser dans un cadre qui est prévu par la Constitution», a poursuivi le Président.

Les syndicats, qui ont déjà été très fortement mobilisés dans la rue à trois reprises contre le report progressif de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, ont appelé à de nouvelles journées de grèves et manifestations ce samedi, mais aussi les 16 février et 7 mars. Ils souhaitent installer la contestation dans la durée, et pour certains aller vers des grèves reconductibles. «Je sais pouvoir compter sur l’esprit de responsabilité de leurs organisateurs pour que la contestation et les désaccords puissent s’exprimer, mais dans le calme, le respect des biens et des personnes, et avec une volonté de ne pas bloquer la vie du reste du pays», a affirmé Emmanuel Macron.

Il n’exclut pas de retirer la Légion d’honneur à Poutine

Par ailleurs, sur un tout autre sujet, Emmanuel Macron n’a pas exclu de retirer la Légion d’honneur remise en 2006 par son prédécesseur Jacques Chirac au président russe Vladimir Poutine. Evoquant une «question symbolique mais d’importance», le président Macron a dit : «Je ne m’interdis rien […] mais ce n’est pas une décision que j’ai prise aujourd’hui.» Ces décisions «sont toujours lourdes de sens et je pense qu’il faut apprécier le bon moment pour le faire».

Le chef de l’Etat a remis mercredi soir à Volodymyr Zelensky, de passage à Paris lors de son second déplacement hors d’Ukraine depuis le début de l’invasion russe, la Grand’Croix de la Légion d’honneur. Il s’agit de la plus haute distinction qu’un président français puisse décerner à un homologue. Emmanuel Macron a expliqué que cette distinction était «un élément de justice et de reconnaissance de notre pays» à l’égard du président ukrainien.

Mais la cérémonie informelle de remise de la Légion d’honneur à Volodymyr Zelensky à l’Elysée, dont Emmanuel Macron avait tweeté une vidéo, a ravivé les demandes de ceux qui réclament que la France retire cette distinction à Vladimir Poutine. En 2006, quand Chirac avait fait Poutine Grand’Croix de la Légion d’honneur, l’organisation Reporters sans frontières avait notamment tenté en justice, mais en vain, d’en priver le maître du Kremlin.