Défendre sur le terrain l’impopulaire réforme des retraites, au risque d’un accueil frais voire franchement hostile ? Ou esquiver l’exercice et se concentrer sur la bataille parlementaire ? C’est l’alternative qui se présente aux députés de la majorité, dont certains ont arpenté les marchés ce week-end pour vendre le projet gouvernemental, tandis que d’autres s’en abstenaient, jugeant la démarche inopportune ou prématurée.
Dans la première circonscription de Gironde, se cacher en attendant que l’orage passe n’était pas une option pour les militants Renaissance. Le succès du mouvement social de jeudi n’a pas entamé la volonté de l’équipe du député Thomas Cazenave qui espère convaincre les réfractaires en multipliant les actions de terrain. Samedi matin, c’était au tour des habitants de Bruges, à quelques kilomètres de Bordeaux, de les voir débarquer des paquets de tracts sous le bras. «On n’a pas honte d’être ici, déclare Mauricette, 74 ans, au milieu des étals. Vous savez, la dernière fois que j’ai manifesté, c’était sous Rocard. Si je ressors cette année, c’est pour les plus jeunes. Cette réforme est nécessaire pour leur avenir.» Emmitouflée de la tête aux pieds, la retraitée a bravé le froid pour intercepter «les contres» et «mieux leur expliquer» le projet de loi. «Penda