«Je vais me faire licencier, là.» A l’entrée du site General Electric de Belfort, Sébastien, documents sous le bras, a rendez-vous avec la direction du groupe. Tourneur-fraiseur sur le site voisin de Bourogne (Territoire de Belfort), où sont fabriquées des pièces de turbines, il réclame son licenciement depuis deux ans. Sans succès. Une histoire de critères non remplis, n’entrant pas dans l’accord négocié entre la direction et les syndicats, en décembre 2019. «On a laissé partir ceux qu’on voulait voir partir», s’irrite l’ouvrier.
Sébastien déroule sa lassitude comme on raconterait une histoire d’amour déçue, avec toutes ses étapes. La passion, d’abord. «Quand GE a racheté Alstom, on appelait ça Disney», se souvient-il. C’était en 2014 : la branche énergie du français passe alors sous giron américain. Une opération à 12 milliards d’euros, validée par le ministre de l’Economie de l’époque, Emmanuel Macron. «Les primes pleuvaient, on ne savait pas d’où ça sortait. On venait au boulot en sifflant», raconte Sébastien. L’entrain laisse rapidement place à la déception, à mesure des engagements non tenus et des plans sociaux à la chaîne. La confia