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Libération
Epilogue ?

Régionales : en Paca, Renaud Muselier présente sa liste et tacle son camp

Après deux semaines de feuilleton politique, le président LR sortant de la région a présenté vendredi sa liste pour le scrutin de juin, sans ministres ni parlementaires. Finalement, seulement 15 des 135 candidats appartiennent à LREM et 4 au Modem.
Renaud Muselier à Marseille, vendredi. (Denis Dalmasso/Hans Lucas pour Libération)
par Samantha Rouchard, correspondance à Marseille et Dominique Albertini
publié le 14 mai 2021 à 20h20

«Je suis très heureux parce que le moment est venu de présenter cette liste qui fait l’objet de tant de fantasmes, de tant de discussions, tant de critiques, de procès d’intentions alors que personne ne l’a encore vue !» Ce vendredi, le président LR sortant de la région Paca, candidat aux élections régionales de juin, a réuni la presse qui a répondu en nombre malgré le pont de l’Ascension. Il faut dire que le feuilleton politique des régionales en Paca – qui divise le camp LR depuis que Renaud Muselier a choisi d’intégrer des candidats LREM, Agir et Modem à sa liste – passionne. Mercredi, à l’antenne de France Bleu, il avait assuré qu’il n’intégrerait «ni ministres ni parlementaires». Il a tenu parole. C’était la condition sine qua non pour avoir le soutien de Les Républicains. Seuls des élus locaux et des personnes de la société civile sont candidats, «une addition de compétences», martèle l’élu. Finalement, seulement 15 des 135 appartiennent à la majorité présidentielle et 4 au Modem. «100 % issus du territoire et 0 % de cumul des mandats nationaux et européens», se targue Renaud Muselier.

Jeudi, Sophie Cluzel, secrétaire d’Etat LREM chargée des personnes handicapées, qui avait assuré dans un premier temps maintenir sa liste face à Renaud Muselier, a finalement jeté l’éponge. Et si elle ne participe pas à l’alliance en tant que candidate, elle a déclaré la soutenir. Ce que plusieurs cadres des LR, tel Eric Ciotti, voient d’un très mauvais œil. Vendredi matin, sur le plateau de BFM TV, le numéro 2 du parti, Guillaume Peltier, a demandé à ce que l’investiture soit retirée au président de région. Le maire de Cannes, David Lisnard, a quant à lui fait savoir qu’il se mettait en retrait de la campagne. Enfin, le président de LR, Christian Jacob, tentera jusqu’au bout de persuader Renaud Muselier de faire une place, sur ses listes, aux parlementaires du parti. C’est seulement après l’enregistrement définitif de celles-ci, dimanche prochain, que LR dira s’il conserve ou non son soutien au Marseillais.

«Rats de laboratoire»

Face à la presse, Renaud Muselier est plus que jamais remonté à bloc et tacle son camp à tout va. Accusant «les commentaires parisiens» d’étouffer «toute discussion sur [notre] avenir», de vouloir faire des élections régionales «un marchepied vers la présidentielle en confisquant le débat public en Paca», de vouloir faire des candidats «des rats de laboratoire d’expérimentations», «des otages de la politique nationale». Pour lui, «il y a des moments historiques qui exigent le rassemblement et la concorde» et cette alliance est la seule façon de battre la liste RN menée par Thierry Mariani, donnée gagnante par les premiers sondages en Paca. Et de taper fort : «Ceux qui se compromettent aujourd’hui en appelant à ne pas voter pour moi sont des irresponsables. Ils soutiennent de fait le Rassemblement national et remettent en cause la ligne rouge fixée à la fondation du RPR, de l’UMP et des Républicains», a-t-il lancé. Il enjoint son camp «de mettre fin à l’hystérie» et de stopper «les fatwa» contre lui à coups de communiqués de presse.

Même ligne de conduite pour Christian Estrosi, maire de Nice et ancien président de région, tête de liste de Muselier dans les Alpes-Maritimes. Ce dernier, présent par visio depuis son fief, rappelle qu’il se présente en «homme libre», puisque dans la foulée du maire de Toulon, Hubert Falco, candidat varois, il a choisi de démissionner de LR le 5 mai. La liste «Notre région d’abord» dont les affiches allient le bleu et l’orange est lancée. Pour Renaud Muselier, «cette élection doit être le moment d’affirmer la puissance de la décentralisation». «Il faut que Paris nous respecte !» tempête-t-il. Et de conclure, haut les cœurs : «Maintenant on va faire campagne, ça suffit !»