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Libération
Industrie pharmaceutique

Réindustrialisation : à Chartres, Macron très content de lui

En visite dans une usine de la firme danoise Novo Nordisk qui a annoncé un investissement de plus de 2 milliards d’euros, le chef de l’Etat a défendu sa politique économique. Son entourage laisse entendre l’annonce d’un nouveau train de réformes sociales et donne «rendez-vous à la rentrée».
Emmanuel Macron jeudi dans l'usine Novo Nordisk de Chartres. (Mohammed Badra/AFP)
publié le 23 novembre 2023 à 20h36

C’est l’une des images qu’il souhaiterait laisser de dix ans de mandat : une France réindustrialisée et en plein emploi. Ce jeudi, Emmanuel Macron est venu célébrer à Chartres (Eure-et-Loir) l’investissement de 2,1 milliards d’euros du laboratoire danois Novo Nordisk et sa promesse de créer 500 emplois supplémentaires d’ici à 2028. «C’est un montant inédit pour votre entreprise, pour l’industrie pharmaceutique, et c’est l’un des plus gros montants d’investissement industriel dans notre pays cette année», s’est réjoui le chef de l’Etat, entouré de quelques centaines d’employés en doudounes sans manches aux couleurs du laboratoire.

C’est dans un autre uniforme rituel, blouse blanche, charlotte et surchaussures, qu’il visitait quelques minutes plus tôt une ligne de production de stylos à insuline. Cinq équipes de six personnes s’y succèdent en permanence. Environ un million de flacons et stylos sortent de l’usine chaque jour. Le Président est enchanté de constater que 90 % de la production est exportée, alors que la France traîne comme un boulet le déficit de sa balance commerciale depuis 2002. «La bataille de l’export est clé, professe-t-il. Nos finances publiques, c’est par la réindustrialisation qu’on les améliorera avant toute chose.»

«Nous sommes le pays le plus attractif d’Europe»

Emmanuel Macron est ici en terrain connu. Il est déjà venu il y a sept ans en tant que ministre de l’Economie de François Hollande. En avril 2016, le président socialiste tentait de convaincre que «ça [allait] mieux» sur le front de l’emploi en France. Le jeune ministre se faisait, lui, remarquer et soignait son individualité : «allez chercher Macron», «Emmanuel n’est pas là ?» s’était alors agacé Hollande ce jour-là. Macron était déjà dans la préparation de sa sortie de Bercy, quatre mois plus tard, quand son patron, lui, s’enfonçait dans sa promesse de baisser le chômage.

Désormais, il suffit, ici, de «traverser la rue», au sens propre, pour trouver du travail. Dans cette zone industrielle de Chartres, Novo Nordisk a racheté le terrain de l’entreprise d’en face, d’où sortiront dès 2028 des solutions thérapeutiques pour affections chroniques, en particulier l’obésité. Selon la firme danoise, le chantier mobilisera jusqu’à 2 000 personnes extérieures à l’entreprise.

On n’est jamais mieux servi que par soi-même. Au moment où la Cour des comptes publie un rapport critique sur le plan de relocalisations industrielles lancé en 2020, en réponse à la pandémie de Covid, l’Elysée martèle d’autres chiffres : «300 nouvelles usines créées depuis 2017 comptabilisant 90 000 nouveaux emplois industriels». A Chartres, le logo «Choose France», du nom du sommet annuel dédié à l’attractivité de la France, est imprimé en très gros derrière le chef de l’Etat. «Ces quatre dernières années, nous sommes le pays le plus attractif d’Europe», claironne-t-il.

Nouveau train de réformes en vue

Emmanuel Macron en profite pour se lancer des fleurs dans un – long – plaidoyer pro domo. Là où ses prédécesseurs auraient eu «une forme de préférence collective pour la dépense publique et la consommation plutôt que pour la productivité», lui se vante d’avoir remis «du muscle» avec sa politique libérale. «Y compris avec les réformes les plus populaires ou les plus critiquées», revendique-t-il en citant les ordonnances travail, l’assurance chômage et les retraites : «On a recréé de la capacité à être compétitif. Et je le dis parce que, souvent dans notre pays, les gens qui chantent les louanges de l’industrie sont parfois ceux qui défendent ce qui la tue. On ne peut pas réindustrialiser le pays si on taxe le capital plus cher que les voisins, si on crée des lois du travail qui sont plus compliquées que chez les voisins, ou si on a une quantité de travail qui est moins importante que chez les voisins.»

Reste que les nuages s’accumulent sur le bilan économique du Président. Le taux de chômage a augmenté de 0,2 point cet été, à 7,4 % de la population active, selon l’Insee. Mais il en faudrait plus pour le dissuader de pavoiser. Le Président préfère voir dans ce reflux du chômage une raison pour justifier un nouveau train de réformes. «Il n’y a aucune politique sociale qui existe à crédit», prévient-il. «Rendez-vous à la rentrée», glisse un de ses conseillers.