On n’est jamais mieux servi que par soi-même. François Braun, chef du service des urgences du centre hospitalier régional (CHR) Metz-Thionville, en Moselle, vient à peine de rendre son rapport sur les urgences commandé par le gouvernement qu’il… entre au gouvernement, où il aura vraisemblablement la tâche de mettre en musique ses préconisations. Ce médecin urgentiste a en effet été nommé ministre de la Santé et de la Prévention. Il remplace Brigitte Bourguignon, qui aura occupé le poste un peu plus de six semaines, puis contrainte de démissionner après sa défaite aux législatives dans la 6e circonscription du Pas-de-Calais.
«L’hôpital public n’est pas bien. Notre système de santé est à bout de souffle», a souligné François Braun lors de sa passation de pouvoirs avec Brigitte Bourguignon. Avec cette nomination, ce sont quatre professionnels de santé qui entrent au ministère signe que, peut-être, après l’épidémie de Covid-19, le message envoyé par les soignants a été entendu ? C’est loin d’être l’avis tous. Nommer Braun est «une véritable provocation», a dénoncé Christophe Prudhomme, porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France, sur France Info, dénonçant des propositions «catastrophiques» ainsi qu’une «rupture du service public». Même constat pour le porte-parole du Parti socialiste, Pierre Jouvet.
Le nouveau ministre de la santé F.Braun est donc celui qui a préconisé la semaine dernière de fermer des urgences la nuit et le triage des patients par le 15.
— Pierre Jouvet (@PJouvet) July 4, 2022
Ça promet… #Remaniement
«Grande concertation»
Dimanche, la Première ministre Elisabeth Borne a annoncé retenir les 41 propositions faites par l’urgentiste. Le rapport prévoit notamment de «réguler les admissions en service d’urgences», soit avec un «triage paramédical à l’entrée», soit par une «régulation médicale préalable systématique» par le standard téléphonique du Samu ou du service d’accès aux soins. A la Santé, celui qui conseilla Emmanuel Macron sur ces thèmes durant la présidentielle devra également préparer et conduire la «grande concertation» sur l’accès aux soins promise par le chef de l’Etat.
A ses côtés, Braun pourra travailler avec Agnès Firmin-Le Bodo. Cette élue du Havre a été nommée ce lundi ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé. Proche de l’ancien locataire de Matignon Edouard Philippe, membre de son parti Horizons, la Havraise est pharmacienne de profession. A l’Assemblée, où elle siège depuis 2017, Firmin-Le Bodo était membre de la commission des affaires sociales, dans laquelle elle s’est investie sur le projet de loi de bioéthique et la PMA pour toutes.
En pleine crise sanitaire, elle avait choisi de renfiler la blouse blanche, en travaillant dans sa pharmacie du Havre. La pharmacienne plaidait également pour la vaccination obligatoire des soignants. «Les professionnels de santé ont valeur d’exemple», assurait-elle ainsi à Libération en mars. A la Santé, Firmin-Le Bodo aura notamment pour mission de répondre aux questions de fractures territoriales et de déserts médicaux.
Le directeur de la Croix-Rouge aux Solidarités
Autre nomination symbolique, celle de Jean-Christophe Combe. L’actuel directeur général de la Croix-Rouge française a été nommé ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées. Accusé de viols par plusieurs femmes, l’élu de l’Ain Damien Abad, nommé à ce poste en mai, n’a pas été reconduit. Diplômé de Sciences-Po, Combe travaille au sein de l’association humanitaire depuis une dizaine d’années.
A la tête de l’organisme, qui compte près de 600 établissements, 18 000 salariés et 59 000 bénévoles, Jean-Christophe Combe s’est retrouvé en première ligne lors de la crise sanitaire. «Des dispositifs mobiles aux méga centres de vaccination, nous avons été présents sur l’ensemble du territoire, avec une réponse adaptée et multiforme», explique-t-il ainsi dans le rapport annuel 2021 de l’association. La Croix-Rouge a ainsi participé à «20 % de la vaccination nationale» l’année dernière, soit «plus de 10 millions de doses administrées», selon le directeur général.
Dans l’Humanité ne se négocie pas, un essai paru en novembre, Combe développe également son idée de société «résiliente», une «une société du lien social», de «proximité», du «soin», etc. Une vision qu’il conviendra de mettre en œuvre concrètement dans le cadre de son portefeuille des Solidarités.
A ses côtés, Combe travaillera avec Geneviève Darrieussecq. L’ancienne ministre des Anciens combattants, non reconduite dans le premier gouvernement d’Elisabeth Borne, en mai, revient sur le devant de la scène, en héritant du fauteuil de ministre déléguée chargée des Personnes handicapées. L’ancienne maire de Mont-de-Marsan (Landes) vient, elle aussi, du monde de la santé. Diplômée de l’université de médecine de Bordeaux-Segalen, l’élue MoDem a exercé en tant que médecin allergologue de 1983 à 2008. Elle a également présidé, de 1992 à 2000 l’Association de formation continue des allergologues d’Aquitaine. Elle préside actuellement l’antenne de la Fédération hospitalière de France en Nouvelle-Aquitaine.