Menu
Libération
Exécutif

Remaniement : Elisabeth Borne a démissionné, la nomination du nouveau Premier ministre prévue mardi matin

La cheffe du gouvernement a remis ce lundi 8 janvier la démission de son gouvernement à Emmanuel Macron, qui l’a acceptée. Le nom de son successeur devrait être annoncé mardi matin, selon l’entourage du président de la République.
La désormais ex-Première ministre Elisabeth Borne, le 20 décembre à l'Assemblée nationale, à Paris. (Denis Allard/Libération)
publié le 8 janvier 2024 à 18h07
(mis à jour le 8 janvier 2024 à 20h48)

Elisabeth Borne n’est plus Première ministre. «Remerciée» – au sens de «félicitée» – par Emmanuel Macron, le 31 décembre lors de ses vœux télévisés aux Français, la cheffe du gouvernement a remis la démission de son gouvernement au président de la République, qui l’a acceptée, ce lundi 8 janvier. Dans un message aussitôt publié sur X (ex-Twitter), le chef de l’Etat a salué «de tout cœur» le travail «exemplaire» d’Elisabeth Borne au «service de la Nation».

Dans sa lettre au Président, la désormais ex-Première ministre a repris la formule de Rocard évincé par Mitterrand, - «alors qu’il me faut présenter la démission de mon gouvernement» -, avant de juger «plus que jamais nécessaire de poursuivre les réformes». Elisabeth Borne et son équipe assureront les affaires courantes jusqu’à la nomination du nouveau gouvernement.

Le nom du nouveau Premier ministre devrait être annoncé mardi matin, a fait savoir l’entourage du chef de l’Etat ce lundi soir. Le ministre de l’Education nationale Gabriel Attal fait figure de favori pour être nominé à la tête du gouvernement.

La France insoumise a menacé de déposer une motion de censure à l’Assemblée nationale contre le prochain gouvernement s’il ne demande pas la confiance du Parlement - ce que n’avait pas fait Elisabeth Borne, a déclaré lundi la cheffe des députés insoumis, Mathilde Panot.

Elisabeth Borne, la troisième Première ministre d’Emmanuel Macron (la première de ce second quinquennat), sera donc restée un an, sept mois et vingt-trois jours à Matignon. Ce qui la place à la 20e place au classement de longévité des locataires de Matignon, entre les socialistes Laurent Fabius et Pierre Bérégovoy. C’est bien mieux que sa seule prédécesseure à ce poste, Edith Cresson, qui n’était restée qu’un peu plus de 10 mois entre mai 1991 et avril 1992. Moins que les autres Premiers ministres d’Emmanuel Macron néanmoins, Edouard Philippe et Jean Castex.

Depuis la difficile adoption de la loi immigration fin décembre, Borne savait ses jours comptés à Matignon. Le report d’une semaine du premier Conseil des ministres de l’année 2024 – fixé au départ au 3 janvier – avait relancé les spéculations sur la précarité de son bail Rue de Varenne.

Souvent annoncée sur le départ, la désormais ex-Première ministre avait pourtant survécu à l’été 2023. Après l’éprouvante réforme des retraites – où Borne a échappé de justesse (9 voix) à une motion de censure –, Emmanuel Macron l’avait chargée durant «100 jours d’apaisement et d’action» de mener trois chantiers prioritaires : le travail, la justice et «le progrès pour mieux vivre».

Victoire provisoire face à Darmanin

Au terme de ce délai, Borne – soutenue par l’aile la plus à gauche de son gouvernement et des macronistes historiques – avait sauvé sa tête alors que son ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, était en campagne ouverte pour quitter Beauvau pour Matignon. Le 17 juillet, l’Elysée faisait savoir à la presse que le chef de l’Etat avait décidé de «maintenir» sa Première ministre en poste. Une question de «stabilité» et de «travail de fond». A l’époque, l’Elysée expliquait que le chef de l’Etat tenait à ce que cette nouvelle équipe tienne jusqu’à la rentrée de septembre 2024, soit après les Jeux olympiques de Paris.

Il y a un mois, avant le fiasco de la loi immigration, Borne affichait encore sa «détermination». Dans une interview au Figaro, elle disait y «[voir] très clair». «Dans un contexte de majorité relative où la vie parlementaire est plus difficile, c’est important d’animer la majorité, et je m’y emploie activement, insistait-elle. Mon ambition de porter des réformes reste intacte pour que la France soit encore plus forte en 2027 […]. J’ai montré que j’ai de l’énergie, de la détermination pour porter les réformes du Président. Et cette détermination ne faiblit pas.»

La cheffe du gouvernement y détaillait même «le calendrier législatif des prochains mois» : «affirmation de l’autorité, la recherche du plein-emploi, les questions de l’énergie et du logement, la transformation de notre agriculture, l’efficacité de l’action publique».

Malgré l’utilisation, à 23 reprises, de l’article 49.3 pour faire adopter ses textes budgétaires (dont celui contenant la réforme des retraites), l’ancienne directrice de cabinet de Ségolène Royal, passée par la RATP avant de gravir les échelons gouvernementaux sous Macron (Transports, Ecologie, Travail…), appréciée par tous les courants de la majorité, a réussi pendant près de deux ans à faire adopter au Parlement l’ensemble des textes présentés par le gouvernement depuis son entrée en fonction en 2022 : «paquet» pouvoir d’achat, lois sur la relance du nucléaire ou les énergies renouvelables, lois de programmation (Justice, Intérieur, Armées)…

Mais elle a échoué sur un point : «élargir la majorité», en particulier à droite. «J’espère qu’elle y arrivera», avait lancé Emmanuel Macron en mars dans un entretien aux 13 Heures de TF1 et France 2 avant de constater qu’aucune autre personnalité de son camp n’était en capacité de convaincre une partie des oppositions de relancer son «en même temps».

Mise à jour : à 20h48, avec la déclaration de l’entourage d’Emmanuel Macron sur la nomination du nouveau Premier ministre mardi matin.