«L’obsession générale de la classe politique à Paris, c’est le remaniement.» Invitée sur France Inter ce lundi 23 décembre au matin, Estelle Youssouffa, la députée (Liot) de la 1ère circonscription de Mayotte, a dénoncé le comportement «pathétique» du gouvernement français depuis que le département d’outre-mer a été frappé un le cyclone Chido.
Alors que la France observe ce lundi une journée de deuil national, l’idée que l’annonce du gouvernement se tienne ce jour n’a pas été formellement exclue pour autant. L’Elysée a simplement fait savoir dans la matinée que, si remaniement il y avait, il n’arriverait «pas avant 18 heures» en raison du deuil national.
"Tout le monde s'en fout de Mayotte", déplore Estelle Youssouffa @DeputeeEstelle. "C'est tellement méprisant, grave, médiocre qu'on n'a plus les mots".#le69Inter pic.twitter.com/zcyyYqUgxU
— France Inter (@franceinter) December 23, 2024
«On voit […] le Premier ministre qui semble visiblement envisager de faire un remaniement un jour de deuil national, monsieur qui avait un conseil municipal à Pau, qui n’est toujours pas venu à Mayotte et qui maintenant envisage d’annoncer son nouveau gouvernement un jour de deuil national», tacle l’élue Estelle Youssouffa.
«Méprisant»
Un potentiel timing qui met la députée en colère. Alors qu’il n’y a «pas assez d’aide» et «pas assez de secours», «on continue à avoir la discussion sur qui va avoir quel poste et ce, le jour du deuil national, qui est censé nous permettre à nous tous non seulement de nous recueillir mais d’obtenir une mobilisation plus importante», déplore-t-elle avant de lâcher : «La petite tambouille parisienne continue, et en fait, on s’en fout de Mayotte. […] Alors qu’on voit toute la compassion, la solidarité de nos compatriotes, leur générosité, au niveau de la classe politique c’est pathétique.»
Reportage
Rapportant l’absence d’eau à Mayotte et les pillages qui se multiplient, elle déplore l’investissement insuffisant du gouvernement : «Je ne suis pas seulement bouleversée, je trouve que c’est tellement méprisant, tellement grave, tellement médiocre, qu’on n’a plus les mots. Moi je suis avec notre population qui n’a pas d’eau, pas vu de secours, je demande désespérément qu’on envoie l’armée pour essayer d’éviter qu’on bascule dans l’anarchie.»
Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui s’est rendu sur place la semaine passée, est accusé par Estelle Youssouffa d’avoir simplement mené une «opération de communication» : il a «laissé les parlementaires derrière lui, il a amené des journalistes et puis il est reparti. Je n’ai pas eu une nouvelle […] depuis que le ministre a quitté l’île», poursuit l’élue. «Dans cette île qui est dans une grande détresse humanitaire, qui est un désert sanitaire, on continue à avoir des membres du gouvernement qui font de la com comme si de rien n’était, insiste-t-elle. C’est d’une rare obscénité.»