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Tic-tac

Remaniement : toujours pas de fumée blanche, Bayrou plus dans le coup, Oudéa-Castéra sur la sellette

Un temps prévue lundi, puis mardi, puis mercredi, l’annonce des nouveaux ministres délégués et secrétaires d’Etat du gouvernement Attal se fait toujours attendre. Ce mercredi 7 février, François Bayrou a annoncé qu’il n’entrerait pas au gouvernement.
François Bayrou au tribunal de Paris, le 5 février 2024. (Miguel Medina/AFP)
publié le 6 février 2024 à 20h46
(mis à jour le 7 février 2024 à 19h54)

Une équation à plusieurs inconnues, des invités surprises et des retournements de situation : le remaniement attendu depuis deux jours s’avère plus long et spectaculaire que prévu. Alors qu’il était fortement pressenti au ministère de l’Education nationale, avec le possible départ d’une Amélie Oudéa-Castéra au cœur d’une série de polémiques, François Bayrou a annoncé mercredi 7 février qu’il n’entrerait pas au gouvernement, en l’absence «d’accord profond sur la politique à suivre».

«Il y avait deux domaines qui me paraissaient mériter un engagement plein: le ministère de l’Éducation, qui connaît aujourd’hui une crise de confiance qui vient de loin et que je croyais que l’on pouvait corriger. Mais de nombreuses discussions m’ont fait conclure à une différence d’approche sur la méthode à suivre qui me parait rédhibitoire», a déclaré Bayrou. «Le deuxième sujet, c’est le gouffre qui s’est creusé entre la province et Paris, toutes les crises de l’aménagement du territoire et la distance désormais de plus en plus grande entre les citoyens et l’action publique. Nous n’avons pas pu trouver un accord sur ces deux points», a poursuivi le président du MoDem, qui dit avoir par ailleurs décliné le ministère des Armées.

Mardi, le Premier ministre, Gabriel Attal, s’était entretenu à la mi-journée avec le chef de l’Etat, dans l’espoir de trouver la bonne formule, mais différentes sources ont laissé entendre que les noms ne seraient probablement dévoilés que mercredi. Nouveau report donc, alors que l’entourage du chef de l’Etat évoque désormais un remaniement «plutôt jeudi». Soit quasiment un mois après la nomination du Premier ministre, un long délai pendant lequel des dossiers importants (Santé, Transports, Logement...) sont restés sans interlocuteur dédié.

Gabriel Attal a donc renoncé à réunir sa nouvelle équipe au complet jeudi matin pour un séminaire à Matignon, selon plusieurs sources gouvernementales. Il maintient en revanche son déplacement le même jour dans le Pas-de-Calais auprès des victimes des inondations.

«AOC» KO ?

Si le nom de Bayrou circulait beaucoup depuis lundi pour remplacer Amélie Oudéa-Castéra, la surprise à ce poste pourrait venir d’ailleurs, selon une source proche de l’exécutif, qui voit une autre personnalité émerger à l’Education nationale. La ministre actuelle est dans la tourmente depuis ses propos sur ses enfants scolarisés dans le très conservateur établissement privé catholique Stanislas dans le VIe arrondissement de Paris et son sort semble de plus en plus scellé. En attendant, elle est «pleinement à sa tâche», assure la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot, après l’avoir lâchée la semaine dernière.

L’arrivée de Bayrou aurait eu une influence sur d’autres équilibres à respecter, comme la place de son parti et d’Horizons, celui de l’ex-Premier ministre Edouard Philippe, ou la parité femmes-hommes. Selon le chef de file des députés Renaissance, Sylvain Maillard, la volonté de Macron et d’Attal d’avoir un gouvernement resserré de 30 membres maximum complique aussi la donne. «Ils ont du mal avec les périmètres», explique-t-il, car certains secteurs veulent «des ministres pour les représenter», comme les associations de défense de l’enfance.

D’autres enjeux politiques seront à surveiller comme la place de l’aile gauche de la macronie, ou le débauchage de nouvelles recrues à droite, notamment chez les sénateurs, après celui de Rachida Dati à la Culture.

Mise à jour : mercredi 7 février à 19h54, François Bayrou n’entrera pas au gouvernement.