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Remaniement : mise à la porte de l’Education, Amélie Oudéa-Castéra ne s’occupera plus que des JO

Depuis sa nomination à la tête d’un super-ministère regroupant l’Education, les Sports, la Jeunesse et les Jeux olympiques et paralympiques, l’ancienne directrice générale de la Fédération française de tennis s’était mise à dos la communauté éducative, après ses propos sur l’enseignement public et privé.
Amélie Oudéa-Castéra, à l'Assemblée nationale, le 5 février 2024. (Thomas Samson/AFP)
publié le 8 février 2024 à 20h36

A peine quelques semaines et un bilan déjà bien trop lourd à porter. A l’occasion du remaniement du gouvernement Attal ce jeudi 8 février, Amélie Oudéa-Castéra a finalement été débranchée de son poste de ministre de l’Education nationale. Elle conserve en revanche celui de ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques.

Moins d’un mois après sa nomination, le 11 janvier, l’ancienne tenniswoman laisse derrière elle une flopée de polémiques ayant largement entravé ses premiers pas dans le nouveau gouvernement du Premier ministre, Gabriel Attal.

Polémiques en cascade

Le premier couac survient moins de vingt-quatre heures après l’élargissement de son portefeuille ministériel : la nouvelle ministre de l’Education reconnaît qu’elle a choisi – comme beaucoup de ses prédécesseurs – de scolariser ses enfants dans le privé, plus précisément à Stanislas, établissement catholique sauce réac à Paris. Et justifie cette décision en expliquant avoir été confrontée aux «paquets d’heures» d’absence des profs «qui n’étaient pas sérieusement remplacées». Elle ajoute dans la foulée en avoir «eu marre, comme des centaines de milliers de familles qui, à un moment, ont fait un choix d’aller chercher une solution différente».

48 heures plus tard, patatras. Libération révèle que son fils aîné avait fréquenté pendant seulement six mois l’école publique de leur secteur, et que sa professeure n’a guère été absente. Dix jours plus tard, le 20 janvier, alors que la machine à polémique tourne déjà à plein régime, Mediapart révèle que ce même fils, désormais adolescent, aurait bénéficié d’un système de contournement de la plateforme Parcoursup pour intégrer l’une de ses classes préparatoires. Jamais deux sans trois ? Le 23 janvier, le même média en ligne publiait une enquête révélant que la ministre avait inscrit ses fils dans des classes non mixtes de l’établissement Stanislas.

Toujours dans la catégorie «ironique», Amélie Oudéa-Castéra est également accusée d’avoir fait la promotion d’une école privée hors contrat lorsqu’elle était ministre des Sports, comme le relate Mediapart dans un article paru le 31 janvier. Elle aurait en effet poussé, de façon répétée, pour le passage sous contrat avec l’Etat de l’établissement scolaire.

«Le début n’a pas été bon»

Sous le feu des critiques, Amélie Oudéa-Castéra n’a jamais réussi à les apaiser, bien au contraire. Il y a d’abord eu un semblant d’excuses qui n’en était pas un, la ministre évoquant de simples «regrets» quand la FSU demandait des excuses publiques. Même ambiance lors de ses vœux au Comité national olympique et sportif français le 31 janvier : «Je ne me suis pas comportée comme quelqu’un de bien», a-t-elle admis. Tout en se présentant, au cours du même discours, comme le «symbole d’une caste privilégiée à combattre, à abattre».

Le 2 février, Amélie Oudéa-Castéra a fini par le reconnaître sur TF1 : «Le début n’a pas été bon, évidemment.» Et prononce le mot qu’il ne faut pas prononcer, en affirmant qu’elle «ne compte pas démissionner».

Quelques heures après son passage sur la première chaîne, nouveau coup dur : le recteur de Paris Christophe Kerrero claque la porte, après un désaccord avec sa ministre de tutelle quant à son projet de fermeture de certaines classes préparatoires, pour plus de mixité sociale. Il s’agit là d’une décision rare pour un recteur, qui accable encore un peu plus Amélie Oudéa-Castéra.

Dans le même temps, les enseignants embrayent, avec une première journée de grève nationale le 1er février largement suivie. Outre la dénonciation de la politique éducative en place et des salaires trop bas, c’est aussi l’occasion, pour de nombreux syndicats et profs, d’appeler à la démission de la ministre. Après trois semaines à encaisser des revers, la pression a finalement été trop forte pour la ministre. «Emmené» par Gabriel Attal à Matignon, le dossier éducation sera désormais partagé avec Nicole Belloubet, nouvelle titulaire du poste.