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Libération
Editorial

«Renaissance», le nouveau parti pris de Macron

Le Président, qui pensait que l’adhésion à sa personne suffisait, a fini par se résoudre à créer sa formation après cinq ans de coquille vide LREM. Mais que peut être un parti macroniste quand le macronisme lui-même est un concept si flou?
Lors d'un meeting de fin de campagne LREM pour les élections européennes, de la liste «Renaissance» à la Maison de la Mutualité, le 24 mai 2019. (Albert FACELLY/Photo Albert Facelly pour Libér)
publié le 16 septembre 2022 à 21h23

Renaissance. C’est ainsi qu’Emmanuel Macron a choisi de nommer la formation politique qui sera portée ce week-end sur les fonts baptismaux pour remplacer LREM. «Naissance» aurait été plus approprié comme petit nom, tant le chef de l’Etat a cru pendant son premier quinquennat pouvoir se passer d’un véritable parti (LREM étant restée pendant cinq ans une coquille quasiment vide). Erreur de débutant qui se voyait trop beau, en tout cas suffisamment fort pour croire que l’adhésion à sa personne autant qu’au projet qui l’a porté au pouvoir en 2017 suffirait. Erreur qui ne l’a pas empêché d’être réélu, mais qui lui a quand même coûté cher.

Manque d’implantation locale, faiblesse de relais pour porter sa parole, ou lui faire remonter l’humeur du pays, liens distendus avec les élus ou les corps intermédiaires en général : le chef de l’Etat aurait compris qu’il lui fallait s’appuyer sur un vrai parti. Mieux vaut tard que jamais. Car même si les formations politiques ne sont pas, loin de là, exemptes de tout reproche, et doivent toutes se régénérer, elles restent des poumons dont la démocratie représentative a besoin. Renaissance est aussi une nécessité pour préparer l’après, c’est-à-dire l’après-Macron. Question classique en politique. Classiques aussi les bisbilles qui frémissent déjà entre les différentes personnalités qui dans l’entourage du chef de l’Etat pourraient prétendre à incarner la suite. La suite, la suite, mais la suite de quoi ? N’est-ce pas la vraie question ? Y compris les premiers cercles du Président avouent parfois être incapables de définir ce qu’est le macronisme. Après deux présidentielles gagnées et cinq ans d’exercice du pouvoir, ils en sont toujours là. Le Covid et la guerre en Ukraine ont été ou sont des tourbillons qui ont sans doute tordu la colonne vertébrale idéologique d’Emmanuel Macron. Mais ils n’expliquent pas cette feuille qui reste blanche quand il s’agit de définir le macronisme. Une feuille blanche qui rendra difficile pour le chef de l’Etat de laisser une trace dans l’histoire. Ambition qui, paraît-il, l’obsède…