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«Pathologie»
Mélenchon est-il toujours sain d’esprit ? Tel Donald Trump ou Vladimir Poutine, le leader en retrait de La France insoumise fait de plus en plus l’objet d’attaques sur sa santé mentale. Ce lundi 13 novembre sur Sud Radio, le président des députés Renaissance, Sylvain Maillard, revient sur «l’échec» de la marche de dimanche, moqué par le triple candidat à la présidentielle, se hasardant sur le registre de la «pathologie» : «Je pense que Mélenchon ne peut plus supporter qu’une seule journée, dans la vie de nos concitoyens, on ne parle pas de lui. Je pense que ça devient presque pathologique. Je ne suis pas psychologue ou psychiatre, en tout cas ce qui est certain c’est qu’à un moment on peut être amené à se poser des questions sur ce besoin en permanence de faire trois tweets par jour, d’être au cœur de tout, de vouloir en permanence chercher les fractures dans la société.»
Filiation
Quant au député LFI David Guiraud et ses propos tendant à relativiser les actes commis par le Hamas, Maillard le compare à Robert Faurisson, figure emblématique du négationnisme : «C’est la même typologie, la même racine, l’idée de toujours remettre tout en cause, l’idée que le témoignage d’une victime, ça ne compte pas. C’est ce qu’on a entendu avec la Shoah, les victimes ont mis des dizaines d’années à en parler en disant “on ne nous croira pas”. [Guiraud] remet en cause la parole de ceux qui l’ont vécu il y a un mois, ça, c’est du négationnisme.» De nombreux élus se sont indignés de la sortie de Guiraud, comme la députée Renaissance Violette Spillebout qui parle elle aussi de «négationnisme» et a effectué un signalement au procureur de la République de Lille.
Mission : dédiabolisation
Applaudi par certains manifestants, hué par d’autres, le RN a vécu une manifestation contre l’antisémitisme somme toute assez tranquille, eu égard au débat sur sa présence qui a bien animé la semaine dernière. Heureusement, le parti d’extrême droite peut compter sur certains soutiens qui l’aident dans sa dédiabolisation. L’ex-ministre PS Pierre Moscovici, par exemple, a bien participé à cette œuvre en déclarant, samedi sur Radio J que «Mme Le Pen n’est pas antisémite», qu’«elle ne l’a jamais été» et que «son propos est sincère». Joli virage à 180 degrés de la part de celui qui, en 2017, dénonçait le discours de cette même Le Pen déclarant que la France n’était «pas responsable» de la rafle du Vél d’Hiv. «Une piqûre de rappel pour ceux qui ont oublié que le FN est un parti d’extrême droite», commentait alors «Mosco». Las, le président de la Cour des comptes a peut-être oublié, lui aussi désormais, que le RN est d’extrême droite. Cela fait les affaires du mouvement présidé par Jordan Bardella. Sur BFM TV ce lundi, le vice-président de l’Assemblée nationale Sébastien Chenu a salué les mots de Moscovici : «Il a été un adversaire politique très déterminé du RN et a fermé la porte de ces débats un peu stériles et dépassés sur le fait que le RN est à sa place et n’est pas antisémite.»
Donneur de leçon
Le RN est tellement à l’aise dans sa dédiabolisation qu’il peut, désormais, faire la leçon à certains sur l’antisémitisme. C’est donc ça le multivers ? Ce lundi sur RTL, Jordan Bardella a dit regretter «l’absence du président de la République parce que sa présence aurait permis d’accorder plus de poids à cette cause qu’est la lutte contre l’antisémitisme». Et le boss du RN d’estimer que le chef de l’Etat a «raté un rendez-vous avec l’histoire». Chenu est lui aussi remonté mais parle juste d’un «rendez-vous manqué avec les Français», souhaitant que cette absence n’ait pas été choisie pour ne pas heurter «la communauté musulmane». «J’espère qu’il n’est pas venu pour de bonnes raisons», a estimé le vice-président de l’Assemblée, pensant que Macron est en train de négocier la libération d’otages par le Hamas et que sa présence à la manif aurait pu être un frein.
Maréchal, le voilà
Avec le RN, Reconquête et Debout la France, l’extrême droite est déjà bien représentée sur l’échiquier des partis. Et voilà qu’un petit nouveau vient s’ajouter à la liste. Ainsi a-t-on appris au Journal officiel ce week-end que l’association Alliance pour la France se dotait d’une association de financement, prérequis pour devenir un parti et présenter des candidats aux élections. Pourtant, son fondateur, Samuel Maréchal (le père de Marion Maréchal), assurait qu’elle avait surtout comme objectif de travailler à la réalisation de l’union des droites et ne devait pas se transformer en parti. C’est ce qu’assurait en 2019, lors de sa création, le père Maréchal : «Je ne lance pas un grand mouvement. Alliance pour la France n’a pas vocation à être un parti politique.» Quatre ans plus tard, la donne a visiblement changé.