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Libération
Ira, ira pas ?

Rencontre de Saint-Denis avec Macron : entre s’y rendre et boycotter, les avis divergent

Le premier secrétaire du PS a répondu par la négative lundi 6 novembre à l’invitation d’Emmanuel Macron à une nouvelle rencontre avec les chefs de parti pour discuter d’une réforme du référendum. Les insoumis ont fait savoir le lendemain qu’ils étaient sur la même ligne.
Olivier Faure, en janvier. (Denis Allard/Libération)
publié le 6 novembre 2023 à 10h26
(mis à jour le 7 novembre 2023 à 14h08)

Dès le lendemain de l’invitation, les premières réponses arrivent. Dimanche 5 novembre, le Figaro révélait que Macron avait écrit aux chefs de parti pour les inviter à une nouvelle réunion à Saint-Denis le 17 novembre, sur le même format que fin août. Une «initiative politique de grande ampleur», qui s’était muée en marathon multithématique (décentralisation, réforme des institutions éducation…) de plus 12 heures.

Le premier à répondre clairement à cette nouvelle invitation présidentielle, ce lundi 6 novembre, a été Olivier Faure. Sur Public Sénat, le patron du PS a expliqué pourquoi il n’y répondra pas favorablement. «Les référendums pour la droite et l’extrême droite, il dit «j’y suis favorable». Les référendums que propose la gauche, sur les superprofits ou la réforme des retraites, là c’est impossible. La ficelle est trop grosse pour que je participe à cette mascarade», a répliqué le socialiste. Qui déroule : «Maintenant quand je vois l’ordre du jour, venir valider le deal qu’il veut passer avec la droite et l’extrême droite, pardon mais je ne suis pas là pour tenir la chandelle.»

Car à la veille du début de l’examen du texte immigration au Sénat ce lundi, le Président glissait dans le carton d’invitation un petit cadeau à la droite en confirmant vouloir élargir le champ du référendum aux «questions dites «sociétales» comme la fin de vie» ou l’immigration. Suffisant pour amadouer les LR qui refusent de voter le projet de loi ? Pas vraiment, à écouter le chef des sénateurs de droite, Bruno Retailleau, sur RTL ce matin : «Ça n’est qu’un premier pas parce que pour le moment, il propose d’y réfléchir, mais en aucun cas on ne va faire un référendum sur l’immigration demain.» «C’est nécessaire mais c’est insuffisant», ajoute son homologue de l’Assemblée, Olivier Marleix, sur CNews. Jamais contents, ceux-là. Ce lundi après-midi, les Républicains étaient encore en réflexion quant à leur participation à la rencontre du 17 novembre. Le président du Rassemblement national Jordan Bardella sera, lui, bien présent.

Tondelier partie pour y aller, pas les insoumis

Notez que, comme le précise le Figaro, «le Président ne juge «pas souhaitable» de «dessaisir le Parlement» de plusieurs thèmes : le droit pénal, la fiscalité et le budget». Donc a priori, pas de référendum possible sur le rétablissement de l’ISF (voire sur les retraites), une réclamation de la gauche pourtant aussi forte que celles de la droite. L’immigration pour plaire à droite, oui ; les impôts pour séduire la gauche, non. Ce qui explique la réaction courroucée d’Olivier Faure. «Ce n’est pas une affaire de principe, explique le socialiste auprès de Libé. Il n’y a jamais eu de conclusions à ces rencontres, ni de décisions. On ne peut pas se voir attribuer des réformes que le gouvernement présente comme le résultat de nos échanges. C’est grossier comme procédé. Je refuse de me retrouver embarqué dans la politique gouvernementale.»

Les écologistes n’avaient pas vraiment été convaincus par les interminables rencontres de Saint-Denis. Trop longues, pas suffisamment axées sur le climat. Pourtant, la patronne des verts Marine Tondelier a bien l’intention d’accepter la nouvelle invitation du président de la République. Et ce «malgré le jeu de dupes d’Emmanuel Macron qui une semaine aligne les 49-3 à l’Assemblée nationale et une autre se met en scène dans une rencontre avec les chefs de partis», comme l’explique un proche de l’élue d’Hénin-Beaumont. Car, «la question internationale est à l’ordre du jour, pointe-t-on chez les Écologistes. C’est donc l’occasion pour nous de développer nos arguments auprès du Président pour faire changer la position de la France pour qu’enfin elle appelle à un cessez-le-feu immédiat.»

Selon l’entourage de Marine Tondelier, il y aurait même «une forme de nécessité» à se rendre à ce nouveau grand raout présidentiel pour mettre la question écologiste au centre. «Nous avons vu la dernière fois que s’il n’y avait pas d’écolo autour de la table, le sujet n’était même pas abordé», justifie la même source. La décision sera validée ce mardi lors du bureau exécutif du parti. Chez les Verts, certains plaident plutôt pour un boycott. «On ne peut pas se prétendre parlementariste et faire des têtes à têtes avec le président», estime le député Aurélien Taché.

Les insoumis de leur côté ont attendu ce mardi 7 novembre pour répondre clairement. « Nous rejetons la multiplication de ces exercices monarchiques visant à contourner le débat organisé dans ses formes constitutionnelles. En France, c’est à l’Assemblée nationale et au Sénat que se mènent les débats politiques et que se votent les lois », tonne le mouvement dans un communiqué publié à la mi-journée. LFI dénonce aussi le fond de la rencontre. « Nous observons que les pistes du travail du président de la République sur une éventuelle réforme du référendum donnent la part belle aux propositions de la droite et de l’extrême droite mais écartent toute possibilité de consulter les Français sur la réforme des retraites, refusent la mise en place d’un référendum d’initiative citoyenne ou la limitation des pouvoirs présidentiels », écrivent les insoumis.

Pas une surprise. Le coordinateur du mouvement, Manuel Bompard, avait déjà donné le ton le mois dernier : «Je n’irai pas à la suite des rencontres de Saint-Denis, expliquait le député des Bouches-du-Rhône auprès de Libé en octobre. Ça ne sert à rien, je ne vois pas pourquoi d’éventuels compromis se travailleraient dans une alcôve secrète. On n’est pas dans une monarchie, il faut que le Président retourne à sa place. Tout cela doit se régler à l’Assemblée nationale et au Sénat.» On ignore pour l’heure la position du PCF. Lundi après-midi, les communistes, après une réunion dédiée dans la matinée, n’avaient pas encore tranché.

Mise à jour : mardi 7 novembre à 14 heures avec la position officielle de LFI.