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Sur le podium

Résultat des européennes : avec leur troisième place, le PS et Raphaël Glucksmann revoient la vie en rose

Elections européennes 2024 dossier
Après un score décevant en 2019, Raphaël Glucksmann obtient 14 % des suffrages, à un point de la liste macroniste, selon les premières estimations. A trois ans de la présidentielle, le PS reprend des couleurs dans la reconstruction qui s’annonce à gauche.
Raphaël Glucksmann, le 9 juin. (Mathias Benguigui/Libération)
publié le 9 juin 2024 à 20h34

En tête de la gauche, Raphaël Glucksmann promet de «mener le combat» au moment où une nouvelle bataille politique s’ouvre avec la dissolution de l’Assemblée nationale. «Je ne comprends pas pourquoi le président de la République obéit à Bardella, a déploré dimanche soir la tête de liste du Parti socialiste et de Place publique, qui a recueilli 14 % des voix. Les jeux, les coups politiques, les coups de communication ne sont absolument pas au niveau. Cette dissolution restera une tache sur le quinquennat.» Pour autant, l’eurodéputé, qui promettait quelques instants avant l’annonce d’Emmanuel Macron de faire émerger «un nouvel espace politique», assure que son camp «mènera le combat» contre l’extrême droite, «puisque le Président de la République s’est avéré complètement incapable».

Quelques minutes après l’allocution présidentielle, Olivier Faure, le Premier secrétaire du Parti socialiste, jugeait de son côté cette décision inévitable : «La sanction est tellement lourde.» Il rejoignait toutefois sa tête de liste sur le combat à mener : «Qu’est-ce qu’on veut en faire ? Sur les grands sujets, l’assurance chômage, la loi immigration, le RN a voté comme la majorité. Ils feront la même politique économique. L’alternative est à gauche. Pour que ça change, c’est à gauche. Nous serons au rendez-vous.»

«Une force s’est réveillée»

Avant l’annonce de la dissolution, le Premier secrétaire du PS avait commencé à lancer des appels à l’union de la gauche, en chœur avec Les Ecologistes et les frondeurs insoumis, en rupture avec la stratégie de Jean-Luc Mélenchon. «Une force s’est réveillée qui a montré qu’il existait une autre voie, affirmait-il. Aujourd’hui, il n’y a plus que la gauche pour battre l’extrême droite. Il y a une nécessité pour la gauche de se retrouver.»

Les socialistes n’auront eu que quelques instants pour savourer leur résultat. Avec 14 % des voix, selon les premières estimations de l’institut Ipsos pour France Télévisions et Radio France, Raphaël Glucksmann, arrive en tête de la gauche, mais reste juste derrière Valérie Hayer, la candidate de la majorité (14,7 %). Le croisement des courbes tant espéré n’aura pas eu lieu, mais le résultat de l’eurodéputé, qui devrait s’accompagner de douze à quatorze sièges au Parlement, redonne de la force au PS, au moment où la gauche va devoir se reconfigurer.

«Je suis fier de ce que nous avons fait ensemble, mais je n’ai pas l’âme à la fête. Aujourd’hui l’extrême droite représente 40 % en France. Nous vivons un moment de bascule», avait d’abord réagi Raphaël Glucksmann depuis la Bellevilloise, à Paris, avant de promettre de «tenir tête» en France et en Europe. «Nous sommes à un niveau qui nous oblige face à l’Histoire, a-t-il poursuivi. Nous nous préparerons à la suite, nous allons ensemble travailler pour faire émerger une alternative au repli nationaliste, un nouvel espace politique fondé sur l’attachement viscéral à la démocratie, à la liberté, à l’écologie, à la solidarité».

Confrontation avec LFI

Avec 14 % des voix, Raphaël Glucksmann fait plus de deux fois son score de 2019. Aidé par la droitisation de Macron, la stratégie brutale de Mélenchon et la difficulté à émerger de Marie Toussaint, le candidat a pu amorcer une recomposition de l’électorat social-démocrate. «C’est quand même un vote de retraités et de CSP +, on ne peut pas reconstruire le PS là-dessus», relativise un député socialiste.

En tête dans les sondages, il a vite été ciblé par les insoumis qui «ont franchi toutes les lignes et avec les pires méthodes», selon un proche. Après des semaines d’attaques, le fondateur de Place publique a fini par assumer une confrontation. «Notre gauche ne sera jamais celle des insultes, des analogies dangereuses, de la démagogie la plus crasse, de l’instrumentalisation cynique des passions les plus basses ou des clins d’œil les plus répugnants…» lançait-il sur la scène du Zénith en fin de campagne.