Pour l’aspirant locataire de l’Elysée qu’il est, cette marche était inratable. Sauf à vouloir sérieusement rogner ses ambitions… Sorti de son silence médiatique, Laurent Wauquiez s’est aisément qualifié pour le second tour du scrutin dans son fief de la Haute-Loire. Candidat dans la première circonscription du département, celle d’une partie du Puy-en-Velay, le président d’Auvergne-Rhône-Alpes s’est hissé en tête avec 36,8 % des voix.

Il devance le candidat du Rassemblement national Alexandre Heuzey, deuxième avec 34,18 %. Parachuté dans le département, cet administrateur au sein du groupe Identité et démocratie (ID) au Parlement européen, où siège le RN, profite de la dynamique mariniste dans ce territoire rural. Aux européennes, la liste de Jordan Bardella a recueilli 37 % des voix – contre 22 % en 2019. L’affrontement avec un candidat mariniste sied parfaitement avec la stratégie de Wauquiez, qui a déjà estimé que la prochaine présidentielle se jouerait entre lui et Marine Le Pen…

La candidate écologiste du NFP Celline Gacon arrive en troisième position avec 18,6 % des voix ; avec à peine plus de 12,5% des inscrits, elle peut se maintenir au deuxième tour dans ce qui pourrait donc être une triangulaire. La candidate de la majorité, Céline Gallien, est éliminée, avec 9,44% des voix.

Vingt ans après sa première entrée à l’Assemblée, Laurent Wauquiez pourrait y faire un retour remarqué. C’est au Palais Bourbon qu’il s’est fait les dents, avant de décrocher des maroquins ministériels sous Nicolas Sarkozy. En 2017, il avait laissé la main à sa suppléante, Isabelle Valentin, préférant conserver son poste de président de région«A un moment où les lumières des palais ministériels aveuglent les élus de peu de convictions, je veux redire toute ma fidélité à la région Auvergne-Rhône-Alpes, se justifiait-il. Les sirènes parisiennes ne guideront pas mon action politique.»

Il se préparait surtout à récupérer le parti, en lambeaux depuis la défaite de François Fillon. Elu à la tête des Républicains en décembre 2017, il démissionne après la rouste de François-Xavier Bellamy aux européennes en 2019. Préférant se tenir en retrait pour 2022, il a soutenu Eric Ciotti lors de la campagne pour la présidence du parti. Le Niçois lui chauffait la place pour la prochaine présidentielle avant de flinguer, juste après son ralliement à Marine Le Pen, son manque de «courage».

Sa stratégie d’ascèse médiatique, mal perçue par les troupes LR, a vécu. L’ancien maire du Puy-en-Velay a vu dans la dissolution une opportunité d’être élu et d’user du Palais-Bourbon comme d’une vitrine pour son chemin élyséen. Dans son fief, il a toutefois opté pour une campagne ultralocale, loin des radars médiatiques nationaux. «Terrain, notoriété et popularité», résumait un de ses conseillers pendant la campagne. Avec son slogan «Protéger la Haute-Loire», il a parcouru la circonscription à la rencontre des entreprises du coin, comme Barbier à Sainte-Sigolène ou Linamar à Montfaucon. L’occasion, à chaque fois et comme avec des agriculteurs ou des commerçants, de vanter son action à la tête du conseil régional. Avec sa suppléante, Caroline di Vincenzo, maire de La Chapelle-d’Aurec, il a enchaîné les réunions publiques, jusqu’à deux par jour, à Saint-Pal-de-Chalencon, au Chambon-sur-Lignon, le village de son enfance, ou au Puy-en-Velay, jeudi 27 juin.

Réélue en 2022 pour un second mandat, Isabelle Valentin avait obtenu 45 % au premier tour, avant de l’emporter à plus de 70 % au second, face à la candidate écologiste Celline Gacon. Derrière, la candidate de la majorité présidentielle, Cécile Gallien, était au coude à coude avec celle du RN, Suzanne Fourets, à 14 %.

Dès leur publication par le ministère de l’intérieur, retrouvez l’ensemble des résultats par circonscription du premier tour des élections législatives 2024 sur le site de Libération.