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Opération dernière chance

Retraites : François Bayrou redonne quelques jours au «conclave», avant un rendez-vous «au Parlement à l’automne»

Deux jours après avoir reçu syndicats et patronat à Matignon à l’issue de quatre mois de «conclave» infructueux, le Premier ministre a tenu une conférence de presse ce jeudi 26 juin. Il a vanté de nouvelles «avancées», bien que «pas encore signées».
François Bayrou à Matignon ce jeudi 26 juin 2025. (Albert Facelly/Libération)
publié le 26 juin 2025 à 17h19

C’est le résultat de sa tentative de la dernière chance pour sauver son «conclave» sur les retraites, et aussi en partie son poste à Matignon. François Bayrou a annoncé ce jeudi 26 juin plusieurs «avancées», bien «qu’elles ne soient pas encore signées formellement». Au cours d’une conférence de presse d’une quarantaine de minutes à Matignon, le Premier ministre a en particulier acté la volonté des syndicats et du patronat d’«améliorer sensiblement et immédiatement les retraites des femmes […] ayant eu des enfants», et évoqué un compromis pour diminuer l’âge de départ à taux plein de 67 ans, à 66 ans et demi. D’après lui, «un compromis» est aussi «à portée de main» sur la pénibilité, l’un des principaux points d’achoppement des discussions.

De plus, les partenaires sociaux «ont accepté le retour de l’équilibre à l’horizon 2030» afin d’«assurer la sauvegarde de notre système par répartition», a-t-il affirmé. Tout comme ils «se sont accordés pour ne pas remettre en cause» les 64 ans. Des points «pour ainsi dire acquis», a encore avancé le chef du gouvernement.

Afin que les acteurs du «conclave» topent pour de bon, François Bayrou leur a donné à nouveau un peu de temps, entre «une dizaine de jours» et «trois semaines». En revanche, «si les partenaires ne parviennent pas à se mettre d’accord, alors le gouvernement prendra ses responsabilités», a prévenu le chef du gouvernement. «Il y aurait alors une démarche législative» qui serait soumise au Parlement «au mois d’octobre», via l’intégration des «dispositions de compromis» dans le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale.

Une façon aussi de répondre au Parti socialiste, qui a déposé une motion de censure à la suite de l’échec du «conclave», accusant François Bayrou d’avoir manqué à sa parole alors qu’il avait promis de donner le «dernier mot» au Parlement. Le locataire de Matignon a estimé ce jeudi qu’il «n’imagine pas» le PS, «parti de Jacques Delors et Michel Rocard», en faire un «objet de censure». «Ils avaient besoin de manifester un signe d’opposition pour des raisons internes», a estimé le Premier ministre sur un siège éjectable, qui a dit «ne pas croire pas que sur le fond, le Parti socialiste avec son histoire, puisse être en désaccord avec cette méthode» de concertation entre syndicats de salariés et patronaux.

Mais les députés du PS ont aussitôt rétorqué qu’ils comptent garder leur cap. Dénonçant une «tentative d’enfumage», Arthur Delaporte a martelé que l’intervention de François Bayrou «ne contrarie en rien notre souhait de le censurer».

Au préalable, le chef du gouvernement a loué un «travail mené dans un remarquable climat de franchise», «sans intervention du gouvernement», et qui «a été remarquablement utile». Il s’est aussi dit «impressionné par les progrès faits depuis quatre mois» dans les négociations entre partenaires sociaux. Les représentants des salariés comme le patronat, ont, selon lui, «chacun pris en compte les attentes de leurs interlocuteurs et, ce qui est plus important encore, l’intérêt général».

«A quelques centimètres» d’un compromis

François Bayrou tenait cette conférence de presse depuis l’hôtel de Matignon dans l’objectif annoncé de «tirer la conclusion» de ses échanges avec les organisations syndicales et patronales, après l’échec de quatre mois de concertation.

Lundi, après une ultime séance de négociations pour apporter des améliorations à la loi Borne de 2023, les partenaires sociaux n’avaient eu d’autre choix que d’acter leur échec. Mais le Premier ministre avait estimé qu’il existait une «voie de passage» et les avait reçus mardi à Matignon.

«Leur travail ne sera pas oublié». «Et s’il demeure des points de désaccord, le gouvernement les tranchera» et «prendra ses responsabilités», avait lancé François Bayrou mercredi devant le Sénat, lui qui est grand défenseur de la démocratie sociale, pour qui syndicats et patronat étaient «à quelques centimètres» d’un compromis.