Pressentant l’échec probable du mouvement, c’est-à-dire l’adoption du texte sur les retraites, une partie de la gauche et le RN envisagent d’enclencher la mécanique d’un référendum d’initiative partagée. Cette possibilité existe depuis 2008. Il faut recueillir la signature de 10 % du corps électoral (4,7 millions de citoyens) pour soumettre à référendum un texte de loi. Les syndicats, selon leur communiqué commun à l’issue de la terne mobilisation de samedi dernier, demandent, eux, sans plus de précisions, une «consultation citoyenne […] dans les plus brefs délais». C’est une fausse bonne idée. Le coup du référendum vient souvent au moment où le mouvement social échoue. C’est une façon d’arrêter une mobilisation qui meurt de sa belle mort, en douceur. Comme on peut gagner la partie militaire d’un conflit, mais perdre politiquement la guerre, ce mouvement longtemps massif et toujours soutenu par la population n’aboutira vraisemblablement pas au retrait du texte.
Imaginons ce que serait aujourd’hui une campagne référendaire pour ou contre la loi sur les retraites, après les mois que nous avons vécus : après ces débats complexes, au cours desquels les ministres se sont contredits, tant sur les buts réels du texte que sur ses tenants et aboutissants financiers et sociaux ; après avoir vu les deux