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C'est non

Retraites : la CFDT ne veut «pas de nouvelles séances de négociation», affirme Marylise Léon

Après que son «conclave» s’est soldé par un constat de désaccord, le Premier ministre a suggéré que les discussions reprennent. Il se dit maintenant prêt à trancher.
La secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, le 24 juin à Paris. (Alain Jocar/AFP)
publié le 27 juin 2025 à 13h52
(mis à jour le 27 juin 2025 à 15h00)

Si François Bayrou croyait jeudi 26 juin, par la seule puissance de ses mots vantant un «remarquable travail» et son refus absolu d’entendre parler d’un «échec», pouvoir encore sauver son «conclave» sur les retraites, Marylise Léon l’a nettement démenti ce vendredi 27 juin. «Nous ne voulons pas de nouvelles séances de négociations», a ainsi affirmé la secrétaire générale de la CFDT à l’issue d’un bureau national de son syndicat qui s’est tenu dans la matinée.

Il serait plus juste de dire qu’elle l’a réaffirmé, car elle avait prononcé des mots similaires mardi 24 juin à Matignon, quand le Premier ministre l’avait déjà reçue, aux côtés de Cyril Chabanier, le président de la CFTC, et Christelle Thieffinne, la négociatrice de la CFE-CGC, pour tirer le bilan de 18 séances de négociation. «L’idée est qu’il n’y ait pas de nouvelle séance», avait-elle tranché, estimant qu’il revenait désormais au Premier ministre de «prendre acte» et de trancher lui-même les points de désaccords restés sur la table.

«Pas de voie de passage sans la réparation sur la pénibilité»

Seulement, François Bayrou semble ne pas l’avoir entendu de cette oreille, puisqu’il a expliqué jeudi qu’il comptait encore laisser une dizaine de jours aux protagonistes du «conclave» pour se «remettre au travail» et s’entendre sur les deux principaux points de désaccord : la reconnaissance de la pénibilité, et le financement du système de retraites. A sa suite, la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, semblait tenir pour acquis ce vendredi matin sur BFMTV et RMC que des «négociations» reprendraient pour se conclure à la mi-juillet.

Mais pour la CFDT, reprendre ces négociations dans la même configuration que lundi soir, au bout de quatre mois et demi de discussions pour améliorer la réforme des retraites de 2023 qui a repoussé à 64 ans l’âge légal de départ, serait vain. «Pour mon organisation, il n’y a pas de voie de passage sans la réparation sur la pénibilité, avec le dispositif qu’on a proposé», a-t-elle expliqué. L’échec s’explique en effet par le fait que le patronat a refusé que trois facteurs de pénibilité physique (port de charges lourdes, exposition aux vibrations mécaniques, postures pénibles) donnent droit à des départs en retraite anticipés à travers le compte professionnel de pénibilité (C2P).

Outre la pénibilité, Marylise Léon a rappelé que le principal point d’achoppement portait sur l’effort financier que les employeurs refusent de fournir : «Aujourd’hui, les entreprises ne peuvent pas continuer de dire que c’est sans elles. On ne peut pas dire qu’on négocie, qu’on discute, mais qu’on ne participe pas à l’effort. Ça ne peut pas fonctionner comme ça.»

Quelques heures après cette déclaration de la numéro un cédétiste, la CFDT, la CFE-CGC et la CFTC ont par ailleurs publié un communiqué commun pour souligner que «les deux points de blocage mentionnés par François Bayrou ne sont pas des points mineurs». Idée partagée, pour le coup, du côté patronal : le négociateur de la CPME, Eric Chevée, continuait de dire jeudi soir que sur ce point, le désaccord était «très profond». Quant au Medef, son président, Patrick Martin, a souligné dans un message transmis à la presse que «les points de désaccord qui subsistent seront évidemment les plus difficiles à régler».

«Il y aura un texte», répond Bayrou

En somme, si des progrès ont bien été actés sur les pensions des femmes et l’abaissement de l’âge de l’annulation de la décote (de 67 à 66 ans et demi), il semble à ce stade illusoire qu’un accord puisse être trouvé si syndicats et patronat reprennent langue. «Pour acter un compromis, il faut que tous les acteurs réunis autour de la table jouent le jeu avec franchise et loyauté», insistent CFDT, CFE-CGC et CFTC. Cette fois, le Premier ministre, qui fera l’objet la semaine prochaine d’une motion de censure déposée par le PS, a semblé en prendre acte, en réagissant à l’occasion d’un déplacement à Briançon au sujet des futurs Jeux d’hiver : «Si les organisations considèrent que ça n’est plus leur heure et qu’il faut trancher, on tranchera.» Et d’ajouter qu’«il y aura un texte, qu’il y ait eu accord préalable ou qu’il y ait eu seulement les travaux préparatoires à un accord».

Mis à jour à 15h00 avec l’article de notre journaliste.