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Retraites : l’organisation patronale U2P quitte les négociations, la ministre du Travail veut les mener «jusqu’à leur terme»

L’Union des entreprises de proximité a jugé ce mardi 18 mars pas «sérieux» le débat sur l’âge de départ à 62 ans. Dans la foulée, Astrid Panosyan-Bouvet a assuré que le «conclave» entre partenaires sociaux n’était «pas mort».
Pierre Burban, secrétaire général de l'Union des entreprises de proximité (U2P), le 27 février 2025 à Paris. (Bruno Levy/Divergence)
publié le 18 mars 2025 à 7h39
(mis à jour le 18 mars 2025 à 8h39)

La réforme de la réforme semble de plus en plus impossible. Deux jours après le dérapage incontrôlé de François Bayrou sur les 62 ans, la plus petite organisation patronale, l’Union des entreprises de proximité (U2P), claque la porte les négociations sur les retraites entre partenaires sociaux ce mardi 18 mars au matin.

Ces chefs d’entreprise semblent sur la même ligne rigide que le Premier ministre. «Est-il vraiment sérieux dans un contexte de déficits structurels et de projections alarmantes, de continuer à emprunter la voie d’un retour de l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans ou d’une réduction de la durée d’activité requise […] ?», s’interrogent-ils dans un communiqué, prônant au contraire «des mesures drastiques pour rétablir l’équilibre de nos régimes sociaux». L’U2P estime que l’équilibre du régime des retraites «imposera de repousser l’âge légal de départ au-delà de 64 ans», sauf pour les métiers difficiles. «Le paysage international ne cesse de se transformer […], le chef de l’Etat a appelé à un effort financier inédit afin de renforcer notre puissance militaire», déclare l’U2P.

L’Union des entreprises de proximité est la première des trois organisations patronales représentatives (les autres sont le Medef et la CPME) à quitter la table. Côté syndicats, FO était partie dès le premier jour, pour sa part disant ne pas vouloir «participer à une mascarade» dont le but serait d’allonger la durée du travail.

Dans la foulée, la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, a dit qu’elle trouvait «dommage» le départ d’U2P, «mais ça fait partie du jeu du dialogue social, qui est aussi de pouvoir quitter la table quand on n’est pas en confort avec la manière dont les choses se passent», a-t-elle estimé ce mardi matin sur RTL. Mais le «conclave» sur les retraites «n’est pas mort», a ajouté la ministre du Travail. «Je pense qu’il faut continuer à faire le pari de l’intelligence collective et il est important que ces concertations aillent jusqu’à leur terme.»

«Les syndicats peuvent regarder [la question d’un retour à 62 ans] si tant est que l’équation financière est là et qu’il y a un compromis aussi avec le patronat», a précisé Astrid Panosyan-Bouvet.

Encore deux mois de conclave, en théorie

Ce départ de la plus petite des organisations patronales survient alors que le Premier ministre François Bayrou a suscité dimanche colère et indignation à gauche et parmi les syndicats en répondant «non» à une question sur un retour à la retraite à 62 ans. Lundi, la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a jugé elle aussi «pas réaliste» un tel retour, dans le contexte d’effort militaire à venir et «d’impératif» d’un équilibre financier des retraites.

Le ministre de l’Economie Eric Lombard avait pour sa part tenté de rappeler dimanche que c’est normalement «le conclave» des partenaires sociaux «qui doit se prononcer».

Les négociations entre partenaires sociaux sur la réforme des retraites, entamées fin février, sont censées durer encore deux mois. Pour l’instant, CFDT, CFTC et CFE-CGC restent à la table des négociations. La CGT a déclaré qu’elle interrogeait ses instances, réunies lundi et mardi, sur l’attitude à adopter. La CFDT compte de son côté demander au Premier ministre «s’il confirme ses propos» lors d’une rencontre déjà programmée entre le syndicat et François Bayrou mardi.

Mise à jour : à 8h39, avec l’ajout des déclarations de la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet.