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Droite

Retraites : LR tente de clarifier sa position et mime l’unité

Divisé par la réforme des retraites, qu’il soutient au prix d’une fronde interne, le parti de droite a adopté ce mardi matin une motion censée réconcilier ses membres.
Olivier Marleix, le président du groupe Les Républicains à l'Assemblée au côté du président du parti, Eric Ciotti, le 7 février. (Ludovic Marin/AFP)
publié le 14 février 2023 à 17h04

La réunion n’a pas viré à la «Saint-Barthélemy», s’est satisfait le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand. Un soulagement pour les cadres de LR, après des semaines de cacophonie autour de la réforme des retraites. Réuni ce mardi matin en bureau politique au siège du parti, rue de Vaugirard à Paris, l’état-major du parti a tenté d’arrêter une position commune. A une large majorité (62 voix pour et 8 abstentions), une motion soutenant la réforme des retraites du gouvernement a été adoptée. Mais le numéro 2 de LR, le frondeur Aurélien Pradié n’a pas pris part au vote, refusant de s’associer à ce manifeste.

Celle-ci rappelle d’abord l’attachement de la famille gaulliste au système par répartition. A l’origine de plusieurs réformes des retraites lors de ses passages au pouvoir, la droite se serait toujours efforcée «de corriger les conséquences désastreuses de la démagogie socialiste» – le passage à la retraite à 60 ans adopté sous François Mitterrand, en 1981. C’est donc en «parfaite cohérence avec [son] histoire», et son identité de parti «responsable», qu’il soutiendra le projet de l’exécutif, même s’il attend de nouveaux efforts sur les carrières longues, l’emploi des seniors ou encore l’encouragement de la natalité.

Ciotti a «insisté pour qu’il y ait une position commune», rapporte une cadre LR. Manière de lier les députés frondeurs et notamment le vice-président de LR Aurélien Pradié. Ce dernier, plus exigeant que son parti, souhaitait l’intégration au dispositif «carrières longues» de toute personne ayant cotisé au moins un trimestre avant ses 21 ans. Selon le patron du groupe LR à l’Assemblée, Olivier Marleix, Pradié se serait finalement rangé à la position commune. Tout en proclamant «qu’il avait droit au respect et [en demandant] à ce qu’on arrête de le caricaturer», rapporte la cadre déjà citée. «Mais il s’ajuste en permanence selon l’interlocuteur, ça devient compliqué.»

«Le film n’est pas fini»

La motion accouchée ce mardi est censée clore une séquence horribilis pour la droite, tiraillée entre une ligne libérale soucieuse de «cohérence» et de «crédibilité» et une autre plus sociale, incarnée par Xavier Bertrand, Aurélien Pradié et une poignée de députés plus ou moins proches d’eux. «Cette réforme représente l’identité de la droite, ajoute la députée européenne Agnès Evren. On ne peut pas se permettre de ne pas être dans la clarté.» Reste que «le film n’est pas fini», juge un autre. Lors du bureau politique, «Bertrand était encore plus virulent que Pradié, rapporte une élue. ll a démonté tous les arguments de Ciotti sur les carrières longues.» Fustigeant un «gouvernement de menteurs», celui qui lorgne toujours l’Elysée continue de dénoncer une réforme «injuste» et d’accompagner en sous-marin les députés LR frondeurs.

A droite, l’un de ses potentiels rivaux pour 2027, Laurent Wauquiez, n’a, lui, pas assisté au bureau politique. «Il veut être en dehors de tout ça, glisse un cadre. Il essaie de passer entre les gouttes et de ne pas trop se mouiller.» Présent au dîner du Crif lundi soir, le président d’Auvergne-Rhône-Alpes préfère se faire discret dans ce débat inflammable, même si à l’Assemblée, une grosse partie des élus de sa région s’opposent pourtant au projet du gouvernement. Une réserve qui agace à droite. «Un homme d’Etat doit prendre ses responsabilités», juge Marleix. Un député LR, interrogé sur le moment où Wauquiez s’exprimera, y va plus crûment : «Quand on lui aura greffé une paire de c…»