Menu
Libération
Au comptoir de Chez Pol

Retraites : pour Muselier, Gérard Larcher est «l’homme le plus fort du pays»

Indiscrétions piquantes, maladresses vaches ou douces confessions : chaque jour, retrouvez les brèves qui auscultent le monde politique.
Le président LR du Sénat, Gérard Larcher. (Geoffroy Van der Hasselt/AFP/Geoffroy Van der Hasselt. AFP)
publié le 21 février 2023 à 11h50

Extrait de Chez Pol, notre newsletter politique réservée à nos abonnés : découvrez-la gratuitement.

Quel atterrissage parlementaire pour la réforme des retraites ? Le sort de ce projet si décrié pourrait se jouer la semaine du 13 mars en commission mixte paritaire (CMP), une instance réunissant 7 sénateurs et 7 députés chargés de s’accorder sur une version finale du texte. Un lieu où LR sera majoritaire, comme au Sénat. Ex-LR passé à Renaissance, Renaud Muselier explique que le pilote chargé de faire atterrir tout ça sera le président du Sénat, Gérard Larcher. «Larcher, avec sa CMP, c’est lui qui est le plus fort du pays en fait», juge le président de Paca sur Public Sénat, ajoutant : «Il imposera ce qu’il souhaite.» Sachant que la chambre haute milite depuis plusieurs années pour un report à 64 ans de l’âge légal de départ à la retraite, une entente entre la droite sénatoriale et le gouvernement est fort probable. S’il y a bien accord, le texte devra encore être adopté définitivement par Assemblée et Sénat. En cas de désaccord, le projet de réforme devra faire une nouvelle navette entre les chambres dans un calendrier contraint. Le Parlement doit en effet se prononcer en cinquante jours, soit d’ici le 26 mars. Faute de quoi les dispositions de la réforme pourront être mises en œuvre par ordonnances. Cela ne s’est jamais produit.

Trolling

Tout était calculé. Emmanuel Macron devait arriver aux aurores sur le marché de Rungis au contact de cette «France qui se lève tôt» pour parler valeur travail et retraites. C’était sans compter sur la députée du coin, Rachel Keke (LFI), qui a reçu une invitation de la part de la préfète du Val-de-Marne sur demande de l’Elysée, comme le veut la tradition, précise-t-on dans l’entourage de l’élue. Qui précise : «Elle y est allée pour tenir un discours différent de celui du Président qui réutilise les éléments de langage de Sarkozy sur la France qui se lève tôt.» L’ancienne femme de chambre à l’hôtel Ibis des Batignolles a ainsi (un peu) volé la vedette au Président en attirant sur elle micros et caméras pendant qu’il faisait des selfies. Aux journalistes, Keke a expliqué : «C’est bien qu’il soit venu, lui-même a dû se lever tôt, c’est pas facile. Imaginez-vous venir travailler ici tous les jours à 3 heures du matin ? Moi-même je l’ai fait, je suis la preuve vivante que c’est impossible.» Quelques minutes plus tard, quand est venu le temps pour Macron de répondre aux questions de la presse, l’insoumise est restée dans les parages, bien visible derrière lui.

Ugnons de la gauche

L’union de la gauche connaissait déjà des accrocs et soubresauts réguliers. Les débats sur les retraites à l’Assemblée en ont rajouté une palanquée, une partie de LFI (majoritaire d’une voix au sein du groupe insoumis) étant parvenue à bloquer tout examen et vote de l’article 7, contrairement aux souhaits de leurs camarades du PS, d’EE-LV et du PCF (sans compter les syndicats). Lundi, l’écolo Sandrine Rousseau leur a vertement reproché, sur Public Sénat : «Ils ont voulu s’imposer dans le débat et ça n’était pas le moment. Nous en avons parlé et ils savent que je ne suis pas très contente [rires]. […] Ça signe un peu la fin d’un acte I de la Nupes, qui a fonctionné jusqu’à présent, maintenant nous devons passer à un acte II, lequel doit être fait d’abord au sein de l’Assemblée et puis on verra ce que les partis souhaitent faire.» Et la députée de Paris de plaider pour «une coordination […] beaucoup plus claire et démocratique». Réponse tout aussi courroucée de l’insoumise Danièle Obono sur Twitter : «Les divergences d’approche du travail parlementaire ne sont pas nouvelles entre nous. Nous avons toujours respecté vos choix même quand nous étions en désaccord. En pleine bataille sur la réforme des retraites, vous avez essayé de nous tordre le bras publiquement et avez échoué.» Après l’union, la désunion. Avant la réunion ?

Elon, on a un problème

Va-t-on vers la fin des réseaux sociaux gratuits ? Dans la veine d’un Elon Musk qui a rendu payantes les certifications de comptes sur Twitter, Facebook et Instagram s’apprêtent à en faire de même. De quoi «promettre de beaux débats dans le cadre de l’usage des réseaux sociaux pendant une campagne», souligne le député Renaissance Eric Bothorel. L’élu des Côtes-d’Armor rappelle «la doctrine» de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP), selon laquelle les publicités payantes sont interdites. «Un badge bleu = payant = meilleure visibilité = prohibé», résume Bothorel. Interpellé sur Twitter, le député poursuit : «Dès lors que la promesse-produit s’accompagne d’une meilleure visibilité, ça crée un biais, à tout le moins un avantage concurrentiel. Et ça, la CNCCFP n’aime pas. Elle s’attache à fixer des règles d’équité censées être respectées.» Tout est dans le «censées être».