Menu
Libération
Politique

Saint-Denis, d’un dircab à l’autre

Sur la sellette depuis qu’il avait comparé une assesseure voilée à une «chauve-souris», Frédéric Bonnot, le directeur de cabinet du maire de la ville, a été prié de faire ses valises. Son successeur est issu des mêmes réseaux socialistes que lui.
David Lebon, ici en 2011 lors de la campagne de Martine Aubry pour la primaire socialiste, devient le nouveau bras droit du maire de Saint-Denis. (Lemouton Stephane/ABACA)
publié le 10 septembre 2021 à 16h48

Le changement dans la continuité. Le maire socialiste de Saint-Denis, Mathieu Hanotin, a décidé de se séparer de son directeur de cabinet, Frédéric Bonnot, mais pour le remplacer, il a de nouveau puisé dans le vivier de l’Union des étudiants de France (Unef) et de La mutuelle des étudiants (LMDE), qui a longtemps constitué l’école de formation du Parti socialiste. C’est David Lebon, 44 ans, passé par l’Unef, la LMDE, et les cabinets d’Arnaud Montebourg à Bercy et de Martine Aubry à la direction du PS, qui a été choisi pour succéder à Bonnot, ex-trésorier de l’Unef, ex-directeur général de la LMDE et ex-secrétaire général du PS… Lebon, qui occupe actuellement les fonctions de directeur de cabinet de l’agglomération Plaine commune, dont Mathieu Hanotin est aussi le président, «cumulera les deux casquettes», a précisé à Libération une porte-parole de la Ville.

Effective depuis le 31 août, cette décision fait suite à une série de révélations embarrassantes pour le nouveau maire de 43 ans, un an après son élection à la tête de ce fief historique du PCF. Il y eut d’abord l’affaire de la «chauve-souris», largement instrumentalisée par les opposants à Hanotin, mais qui a aussi créé un malaise dans l’équipe municipale car le maire a tardé à réagir, ne prenant des sanctions qu’une fois la mauvaise blague de son directeur de cabinet révélée dans la presse, fin juin. S’est ajouté le projet, révélé par Libération, de lui attribuer un logement de fonction dans le musée de Saint-Denis, remis en état à grands frais.

Reproches d’élus

Le tout sur fond de grogne interne contre un plan d’externalisation des agents de nettoyage des écoles qui a conduit l’adjoint aux Ressources humaines, Brahim Chikhi, à démissionner avec fracas. Décrit comme «très compétent et apprécié de ses équipes» par un de ses collaborateurs à Plaine commune, David Lebon a dû faire face à une fronde de cinq des neuf maires de l’agglomération, qui ont reproché à Mathieu Hanotin dans une lettre ouverte publiée en juin un manque de concertation et une volonté de passer en force sur certains sujets. A la mairie de Saint-Denis, il devra aussi retisser les liens au sein du cabinet et avec les élus au moment où l’exécutif municipal entame la deuxième année d’une mandature qui s’annonce chargée, de la lutte contre l’habitat indigne à la sécurité en passant par le plat de résistance que constituent les gros travaux d’aménagement du territoire en vue des Jeux olympiques de 2024. Un sujet qui déborde largement le cadre communal et pour lequel son expérience dans le privé et sa double casquette seront utiles.