L’égalité entre les femmes et les hommes, déclarée «grande cause nationale» par Emmanuel Macron en 2017, perd des plumes dans le nouveau gouvernement Barnier, clairement orienté à droite. Le ministère, détenu jusqu’à aujourd’hui par Aurore Bergé, est rétrogradé au rang de secrétariat d’Etat. Et c’est Salima Saa, qui occupera désormais ce poste, placé sous la tutelle d’un homme, Paul Christophe, nommé ce samedi 21 septembre ministre des Solidarités, de l’Autonomie et de l’Egalité entre les hommes et les femmes.
Comme beaucoup de ceux composant le tout nouveau gouvernement Barnier, Salima Saa, 53 ans, est peu connue du grand public. Sa prédécesseuse, Aurore Bergé, députée de la 10e circonscription des Yvelines, était en difficulté depuis que sa mise en cause dans le livre enquête de Victor Castanet, les Ogres. Elle aurait, selon lui, entretenu des échanges étroits avec le lobby des crèches privées à but lucratif, alors même qu’elle avait affirmé le contraire, sous serment, lors d’une commission d’enquête.
Désormais à ce poste, Salima Saa à du pain sur la planche : le procès des viols de Mazan a largement mis en lumière les conséquences dévastatrices de la soumission chimique. Une mission gouvernementale sur ce sujet avait été lancée en avril avec à sa tête la députée Modem, Sandrine Josso, elle-même victime de ce procédé, mais a été stoppée nette par la dissolution. Autre chantier d’envergure : relancer les travaux, eux aussi à l’arrêt depuis la dissolution, destinés à améliorer le sort des familles monoparentales.
Jamais élue mais toujours à droite
Née à Soissons (Aisne), un temps directrice commerciale déléguée chez Veolia, Salima Saa n’a jamais été élue, mais gravite à droite depuis le début des années 2010. Proche de Nicolas Sarkozy, elle fait partie des «jeunes pousses», réunies régulièrement à cette époque par celui qui est alors Président de la République, selon le Figaro. Après avoir envoyé une candidature spontanée au ministre de la Ville, Maurice Leroy, elle devient présidente de l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances en février 2011, un établissement public administratif, remplacé en 2014 par le Commissariat général à l’égalité des territoires.
L’année d’après, pendant le congrès de l’UMP, elle apporte son soutien à Jean-François Copé, puis se range en 2015 derrière Bruno Le Maire pendant la primaire de la droite et du centre et devient l’une des porte-parole de sa campagne. Emmanuel Macron la nomme préfète de la Corrèze en 2020, elle le restera deux ans. Elle venait de rejoindre, il y a quelques semaines à peine, l’ambassade de France au Royaume-Uni en tant que «conseillère de coopération intérieure», d’après son compte LinkedIn. Aucune mention en revanche d’une éventuelle expérience ou d’un engagement fondant le choix de lui confier l’égalité entre les femmes et les hommes.