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Nomination

David Amiel, un bébé Macron à la Fonction publique et la Réforme de l’Etat

Fidèle du président qui a réussi à ne pas se couper de Gabriel Attal, il s’est montré fin manœuvrier jusqu’à se faire une place dans le gouvernement Lecornu II, nommé dimanche 12 octobre.

David Amiel en septembre 2025. (Thomas Samson /AFP)
ParJean-Baptiste Daoulas
Journaliste politique
Publié le 12/10/2025 à 23h42

Fidèle du président qui a réussi à ne pas se couper d’Attal, il s’est montré fin manœuvrier. — C’est un élève modèle du macronisme, jusqu’à s’embarquer sur un navire gouvernemental sans l’assurance qu’il tiendra plus de cinq jours. Le député Renaissance de Paris, David Amiel, a été nommé ce dimanche 12 octobre ministre de la Fonction publique et de la Réforme de l’Etat de Sébastien Lecornu. Il y succédera à Naïma Moutchou, restée en poste une quinzaine d’heures. A 32 ans, il est l’un des rares à pouvoir se targuer d’avoir consacré près d’un tiers de sa vie au Président.

Entré comme simple stagiaire au cabinet d’Emmanuel Macron au ministère de l’Economie et des Finances en 2015, le normalien passé par Louis Le Grand et Henri IV ne le quittera plus. Il le suit à l’Elysée dès 2017 comme conseiller auprès du tout-puissant secrétaire général, Alexis Kohler. Son côté couteau suisse et sa nature plus joyeuse que la moyenne dans l’ambiance de congélateur du Palais lui valent une réputation de mascotte de l’équipe présidentielle.

Hérite d’une circonscription en or massif

Malgré son CV doré sur tranche et sa popularité en macronie, ses premiers pas dans la lumière sont un brin douloureux. Il quitte l’Elysée en 2019 pour assurer la promo de Le progrès ne tombe pas du ciel (Fayard), publié en mars 2019. Coécrit avec un autre proche conseiller du chef de l’Etat, Ismaël Emelien, et précédé d’une aura flatteuse, cet essai devait définir idéologiquement le progressisme à la sauce Macron. Ni la prose ni la plantureuse tournée média du duo ne convainquent grand monde. Les formules creuses définissant le progressisme, du genre «maximiser les possibles des individus, présents et futurs», et autres considérations sociologiques de comptoir – «l’individu avait hier des devoirs ; il a désormais des droits», écrivent-ils très sérieusement – nourrissent quelques sarcasmes. Sans déchaîner les foules : le livre s’écoule à quelques milliers d’exemplaires.

David Amiel rebondit en rejoignant la campagne de Benjamin Griveaux pour les municipales de 2020. Un désastre, entre le retrait du candidat et son remplacement en forme de chemin de croix par Agnès Buzyn. Bien placé sur la liste du XVe arrondissement, il parvient toutefois à obtenir un siège de conseiller d’arrondissement, son premier mandat électif. Le second viendra après la réélection d’Emmanuel Macron en 2022, qu’il prépare en bûchant sur le programme du candidat : il hérite d’une circonscription en or massif laissée vacante par Hugues Renson, en rupture de ban avec le camp présidentiel. Il sera réélu après la dissolution de juin 2024.

Gardien du temple du macronisme

Membre actif de la commission des finances, il s’est spécialisé sur les sujets à l’intersection du logement et de la transition énergétique. Il a défendu au printemps une proposition de loi visant à améliorer l’accès au logement des agents publics. Mais le texte, inspiré par son rapport parlementaire sur le même sujet en 2024, n’a pas encore dépassé le stade de la première lecture à l’Assemblée nationale.

Il joue à l’occasion les gardiens du temple du macronisme. Quand Sophie Primas, alors porte-parole du gouvernement de François Bayrou, en prédit la «fin», il réplique immédiatement sur X et moque LR, «un parti qui a réalisé moins de 10 % des voix aux six dernières élections nationales» et ne peut donc pas «se permettre de prendre de haut un président de la République élu et réélu par les Français.»

David Amiel se débrouille comme il peut pour ne pas se mouiller, malgré l’inimitié et les sales coups qu’Emmanuel Macron et Gabriel Attal se destinent l’un à l’autre. Il sait rester proche de l’Elysée tout en phosphorant pour Attal en tant que secrétaire général délégué aux Idées de Renaissance. De l’art de naviguer par gros temps.