Le principe faisait partie des exigences brandies par les socialistes pour ne pas censurer l’exécutif de Sébastien Lecornu sur le budget. Alors quand le Premier ministre a annoncé ce vendredi 3 octobre qu’il allait renoncer à l’usage du 49.3 pour faire adopter des textes à l’Assemblée nationale, ce qui ressemble à un coup de poker pour gagner du temps a suscité la méfiance du chef des roses. Surtout juste avant de rencontrer le locataire de Matignon pour mener d’ultimes tractations avant la nomination de son gouvernement.
Avant de s’engouffrer dans les murs de la Rue de Varenne, Olivier Faure a donc fait savoir qu’il allait demander un vote sur la réforme des retraites dans l’hémicycle, afin de «vérifier» que «l’intention qu’il [le Premier ministre, ndlr] affiche» va «jusqu’au bout» et «n’est pas simplement une facilité, une habileté». «Est-ce qu’il est prêt à ce que, d’ici au mois de décembre, les députés, les sénateurs aient la possibilité de voter pour la première fois sur une réforme qui, précisément, n’a été adoptée que grâce au 49.3 ?» a interrogé le patron du PS.
Pousser le RN à sortir du bois
Un tel cas de figure ne mettrait pas seulement le camp présidentiel et la droite dans l’embarras, mais aurait aussi l’avantage de pousser le Rassemblement national à sortir du bois.
Désireux de rassurer le patronat sans s’aliéner l’électorat populaire conquis par Marine Le Pen depuis plusieurs années, le parti dirigé par Jordan Bardella a tendance à slalomer sur les questions économiques entre une ligne sociale et des accents plus libéraux.
Opposée à l’allongement de l’âge de départ à la retraite en 2023, la formation d’extrême droite pourrait toutefois répugner à remettre en cause la réforme, sous la pression des milieux d’affaires. Un vote à l’Assemblée nationale serait une façon pour la gauche de trancher définitivement la question aux yeux de l’opinion.