Sébastien Lecornu a souhaité ce mardi 4 novembre que la renégociation de l’accord de 1968 entre la France et l’Algérie «démarre le plus vite possible», redisant qu’il était opposé à son «abrogation» après un vote non contraignant en ce sens des députés la semaine dernière. «Je ne crois pas à l’abrogation de cet accord, mais à sa renégociation», a répété le chef du gouvernement, après le vote symbolique, jeudi par les députés, d’une proposition de résolution du Rassemblement national visant à «dénoncer» l’accord franco-algérien, qui crée un régime d’immigration favorable pour les Algériens.
Il répondait à une question de la cheffe de file des députés RN, Marine Le Pen, qui plaide pour l’abrogation de cet accord qu’elle a jugé «peu glorieux pour l’Algérie et léonin pour la France». L’adoption de cette proposition de résolution visant à dénoncer l’accord de 1968 a télescopé les prémices d’un dialogue entre la France et l’Algérie.
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«Il faut […] désormais que ce début de renégociation démarre le plus vite possible», a affirmé Lecornu, en suggérant de repartir du comité intergouvernemental de haut niveau des deux pays de 2022, qui avait «acté que nous devions renégocier cet accord». Le Premier ministre a suggéré de «repartir de nos intérêts plus globaux» parce qu’il «n’y a pas que la question migratoire», qui avait été mise en avant par l’ancien ministre de l’Intérieur Les Républicains (LR, droite) Bruno Retailleau, partisan d’une ligne dure avec Alger.
Discussions en coulisses
Après des mois de relation gelée, marqués par l’arrêt total de la coopération migratoire, le départ du gouvernement de Retailleau, remplacé par Laurent Nuñez, un successeur non politique, avait permis ces dernières semaines d’amorcer en coulisses des discussions. Nuñez a mis en avant notamment les besoins de coopération sécuritaire notamment dans la lutte antijihadiste au Sahel. Sébastien Lecornu a de même évoqué «la question de la lutte contre le terrorisme et la coopération en matière de sécurité, la question de la pression terroriste qui monte au Sahel, les questions de sécurité maritime et puis les questions économiques».
Interview
Il a insisté sur «le respect de la souveraineté de l’Algérie» et de son gouvernement. «Quels que soient nos désaccords, on doit être capable de mener une discussion qui soit exigeante et qui protège nos intérêts», a-t-il dit, en promettant de «ne jamais faire de la question de l’Algérie un sujet de politique intérieure en France». Il s’agit d’un «sujet bilatéral, de respect, qu’il convient à mon avis de traiter avec beaucoup de sang froid pour nous permettre justement d’avancer», a-t-il souligné, en redisant que l’exécutif français restait «mobilisé» pour obtenir la libération du franco-algérien Boualem Sansal et du journaliste Christophe Gleizes, tous deux emprisonnés en Algérie.