Les consignes étaient claires du côté de la hiérarchie de leur parti respectif : le PS et Les Républicains ne concourraient pas à la chute du gouvernement Lecornu, qui devait affronter deux motions de censure, signées respectivement par la France insoumise et le Rassemblement national. LR, pour faire voter un budget 2026 ; le PS, pour tenter «le pari risqué» du débat parlementaire et obtenir, en plus de la suspension de la réforme des retraites, des avancées dans les deux projets de loi de financement qui s’apprêtent à être discutés.
A rebours des positions de leurs groupes, sept parlementaires socialistes et une élue Les Républicains ont apporté leurs voix à la motion de censure déposée par les insoumis, rejetée à 18 voix près. Au PS, on compte quatre députés ultra-marins : Christian Baptiste, Béatrice Bellay, Philippe Naillet et Jiovanny William, qui avaient justifié la veille leur geste par le «désamour [du gouvernement] à l’égard des territoires d’Outre-mer». Le sujet de fâcherie principal résidait dans le budget, où les territoires ultra-marins étaient «appelés à payer solidairement et disproportionnellement la note de la mauvaise gestion des finances à l’échelle nationale». Ils étaient encore cinq jusqu’à mercredi soir, mais les discussions avec Sébastien Lecornu ont fini par dissuader Elie Califer de se joindre à eux. Contacté par Libération, il s’est dit temporairement rassuré par les «gages» donnés par le chef du gouvernement.
L’union des droites pour la censure
A ces quatre censeurs se sont ajouté le régionaliste basque Peio Dufau, le Drômois Paul Christophle et sénéquo-dyonisienne Fatiha Keloua Hachi. Tous trois avaient voté la censure de François Bayrou au début de l’année, là encore contre la consigne du groupe socialiste à l’Assemblée. Paul Christophle a reconnu une «victoire» sur les retraites mais n’en a «pas entendu assez sur la justice fiscale et le pouvoir d’achat». Fatiha Keloua Hachi, élue d’un territoire dominé par les insoumis, avait annoncé son choix dès le 11 octobre, refusant de «devenir la béquille d’un macronisme finissant».
A droite, seule une élue sur les 43 que compte LR a désobéi à la consigne de Laurent Wauquiez et voté la motion insoumise. Il s’agit d’Alexandra Martin, députée des Alpes-Maritimes et proche du maire de Cannes David Lisnard, partisan bruyant de l’union des droites, qu’Eric Ciotti a de nouveau réclamée après la déclaration politique générale de Sébastien Lecornu. Enfin, les censeurs comptaient aussi sur une partie des 22 députés Liot. Mais là aussi, la pêche a été mauvaise, alors que les membres du groupe n’avaient reçu aucune consigne. Seul le Guadeloupéen Olivier Serva les a ralliés