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On a beau parfois les critiquer, il faut bien admettre que quand les députés ne siègent pas, on s’ennuie ferme. Non pas pour tromper le désœuvrement mais pour travailler en cette rentrée des plus chargées, plusieurs groupes parlementaires réclament l’ouverture d’une session extraordinaire au président de la République, dont c’est l’une des prérogatives. Mardi 3 septembre, en conférence de presse à l’Assemblée, la présidente du groupe LFI, Mathilde Panot a évoqué cette demande.
Ce mercredi matin, le président de la commission des finances de l’Assemblée, l’insoumis Eric Coquerel, répète à la Dépêche ce qu’il disait la veille à Libé : «Dès la semaine prochaine, j’ai prévu une réunion en commission des finances pour parler du budget et j’ai également demandé que l’on relance les dialogues de l’Assemblée sur la fiscalité pour avoir des échanges sur ce qui pourrait faire accord au sein de l’Assemblée. On a aussi demandé une séance extraordinaire pour que le gouvernement mette à l’ordre du jour dès septembre l’abrogation de la réforme des retraites.» Un «on» bien pratique qui, d’après Coquerel, englobe le NFP et pas seulement LFI.
Les macronistes veulent rester en vacances
Sauf que, renseignement pris du côté du NFP, cette initiative n’est pas coordonnée. «Il n’y a pas besoin d’une loi pour suspendre immédiatement la réforme des retraites, décrypte un socialiste. Un décret est le plus efficace car un vote en première lecture ne vaudrait évidemment pas abrogation. Le temps étant limité en session extraordinaire, on peut le consacrer à des priorités qui nécessitent des lois d’urgence.» Et puis les écolos, les socialistes et les cocos ont déjà proposé, de leur côté, d’ouvrir une session parlementaire extraordinaire. «Ne serait-ce parce que nous ignorons le moment où sera formé un gouvernement, et qu’il ne serait pas anormal d’avoir des questions d’actualité», déclarait Faure lundi, sur BFM TV.
Même le RN souhaite reprendre le chemin de la Chambre basse plus tôt. Mais les macronistes, eux, y sont opposés. Dans le Figaro, un habitué de l’Assemblée explique que l’ouverture d’une telle session, alors que la France n’a toujours ni Premier ministre ni gouvernement, n’a «aucun intérêt» sinon de faire un «coup politique». «Les groupes font leur petite communication en hurlant au scandale, mais ça n’aurait aucun sens politique d’ouvrir une session sans gouvernement, estime le même. Il n’y aurait aucun texte à l’ordre du jour et encore moins de ministres pour répondre aux questions des députés.» Qui a dit que, au fond, ça ne changerait pas grand-chose ?