C’est peu dire que le cœur n’y est pas. Après le rejet de la première partie du projet de loi de finances (PLF) en commission, les députés ont commencé ce mardi 17 octobre au soir l’examen en séance du budget 2024 sans que personne dans l’hémicycle ne semble s’y intéresser vraiment. Et pour cause, les élus comme le gouvernement savent que d’ici quelques heures - dès mercredi, selon ce qui se dit au Palais-Bourbon - les débats seront abrégés par le treizième déclenchement de l’article 49.3 de la Constitution par la Première ministre, Elisabeth Borne. Alors à la tribune, les discours de Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et des finances, et de Thomas Cazenave, ministre chargé des Comptes publics font très peu d’effets aux quelques députés présents. La plupart sont plus occupés à discuter entre eux et à regarder leur téléphone – ou carrément à faire du shopping en ligne, comme cette députée de la majorité qui ne s’interrompt dans ses achats que pour applaudir la fin des interventions de ses alliés.
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Les autocongratulations de Bruno Le Maire, qui loue «la constance de la majorité» et sa «politique de l’offre qui donne des résultats parmi les meilleurs de toutes les grandes économies de la zone euro», ne déclenchent que de maigres applaudissements dans les bancs de Renaissance. Même ses tacles à La France insoumise, accusée de vouloir déclencher «un déluge fiscal» et d’imaginer «un monde où tout est gratuit», ne suscitent pas les réprobations qu’on pourrait attendre dans l’équipe menée par Mathilde Panot. Destin similaire pour Thomas Cazenave, dont c’est le baptême du feu en tant que nouveau ministre des Comptes publics, et qui doit discourir pendant de longues minutes sur un «budget d’équilibre» et «responsable» sans être écouté par personne.
Apathie générale
Après Jean-René Cazeneuve, rapporteur général du budget et Jean-Luc Fugit, député Renaissance, Éric Coquerel (LFI) fait entendre la première voix discordante. En sa qualité de président de la commission des finances, l’insoumis tempête pour la forme contre «la politique néolibérale» du gouvernement et un budget, qui, prédit-il, «ne résoudra rien», «n’atteindra pas ses objectifs de réduction du déficit» et «n’aidera pas les Français». Dans les gradins, l’apathie est toujours générale.
Il faut attendre la prise de parole de Charlotte Leduc, députée LFI, pour que l’ambiance décolle un peu. Pendant que l’élue de Moselle s’exprime sur un budget dénoncé comme le «plus austéritaire que notre pays ait jamais connu», tout ce petit monde s’active soudain et les bancs jusque-là très clairsemés se remplissent à grande vitesse. La raison est simple : la députée vient défendre une motion de rejet préalable au projet de loi du gouvernement. Une disposition parlementaire qui force l’Assemblée à voter – avant examen – le texte porté par l’exécutif.
Mais pas de suspens pour autant, malgré le branle-bas de combat : la motion est rejetée avec 90 voix pour, 209 voix contre et 41 abstentions, dans ce qui sera probablement l’unique vote de l’Assemblée nationale concernant le budget 2024.