Gérard Larcher aura été à moitié entendu. Le sénateur centriste Joël Guerriau, soupçonné d’avoir drogué une collègue députée afin de l’agresser sexuellement, qui rencontrait le président du Sénat ce mercredi, a annoncé, tout en «contestant les faits», démissionner de son poste de vice-président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense et se mettre «en retrait de la participation aux travaux parlementaires au Sénat».
Soit un bout du chemin que le patron de la haute assemblée aurait souhaité le voir faire, le matin même sur France Inter : «Sa place n’est plus au Sénat», disait-il au sujet de l’élu de Loire-Atlantique, dont il annonçait son intention de lui demander de démissionner, au cours de leur rencontre plus tard dans la journée.
.@gerard_larcher va "rappeler" à Joël Guerriau, soupçonné d'avoir drogué la députée Sandrine Josso, "la nécessité de se démettre de ses fonctions". Selon le président de la chambre haute, "sa place n'est plus au Sénat". #le710inter pic.twitter.com/avUXa3rcjv
— France Inter (@franceinter) September 25, 2024
Joël Guerriau, sénateur de Loire-Atlantique a enfoncé le clou ce jeudi dans un entretien à Ouest-France, jugeant que ce serait «totalement injuste». «C’est très difficile de tenir. Mais je ne veux pas démissionner. Ce serait totalement injuste car la justice n’a pas tranché. Certes, des faits me sont reprochés, mais je le répète, je n’ai jamais eu de mauvaise intention à l’égard de Sandrine Josso. Jamais», a assuré M. Guerriau au quotidien régional, en appelant au respect de la présomption d’innocence.
Stress post-traumatique pour la victime
Il est soupçonné d’avoir administré à son insu de l’ecstasy à sa collègue députée Sandrine Josso. Il a été mis en examen en novembre 2023 pour «administration à l’insu de [Sandrine Josso] d’une substance de nature à altérer son discernement ou le contrôle de ses actes afin de commettre un viol ou une agression sexuelle», ainsi que «détention et usage de substances classées comme stupéfiants». «J’ai cru mourir d’abord d’une crise cardiaque, j’ai cru mourir parce que je pensais qu’il allait abuser de moi, dans l’ascenseur, je ne tenais plus debout», avait témoigné la députée en ajoutant avoir «juste eu un instinct de survie». Et annonçait souffrir de «stress post-traumatique».
Enquête
«Aucune nouvelle de l’enquête»
Prié par Gérard Larcher de se mettre «en retrait» de son mandat fin 2023 et absent du Palais du Luxembourg depuis lors, il a sollicité en cette rentrée le président du Sénat au sujet d’un possible retour dans l’hémicycle. Le président du Sénat a confirmé avoir rendez-vous avec Joël Guerriau ce mercredi 25 septembre. «Seul le Conseil constitutionnel, après une décision de justice, peut démettre un parlementaire de son mandat. J’ai écrit naturellement à la procureure de la République. Depuis onze mois, nous n’avons aucune nouvelle de l’enquête», a expliqué Gérard Larcher sur France Inter.
Ces derniers jours, de nombreux parlementaires étaient montés au créneau pour s’opposer au retour éventuel de Joël Guerriau. «Tolérer la présence du sénateur Guerriau dans l’enceinte du Sénat serait un terrible coup porté à Madame la députée Josso ainsi qu’à toutes les victimes de soumission chimique et d’agression sexuelle», a notamment écrit le groupe écologiste dans un courrier à Gérard Larcher, son président Guillaume Gontard appelant à saisir le «Comité de déontologie parlementaire» en vue de sanctionner le sénateur.
L’ex-ministre socialiste des Droits des femmes et sénatrice Laurence Rossignol avait aussi prévenu que de «nombreux» parlementaires refuseront «de siéger avec un élu soupçonné avoir drogué une collègue». «Ce qui est présumé est un acte insupportable, inqualifiable et je comprends l’émotion de mes collègues sénatrices et sénateurs», a affirmé Gérard Larcher mercredi.
Mise à jour mercredi 25 septembre après l’annonce de la mise en retrait du sénateur ; le 26 septembre à 21 heures 30, avec le refus de démissionner de Joël Guerriau.