Jean-Luc Mélenchon observe avec une fierté appuyée les rangées de l’amphithéâtre Boutmy. Invité à Sciences-Po après l’interdiction de son intervention à la fac de Lille, l’insoumis comble les étudiants venus l’acclamer. «Ils ont l’officialité, nous avons l’underground. Nous faire taire, jamais ! On ne peut pas nous faire reculer, ce n’est pas possible. Je sais que nous serons punis par la bonne société pour avoir résisté. Mais quand vous vous rebellez, le système commence à se bloquer.»
Quatre jours plus tard, alors que les étudiants entament un blocage de l’école en soutien aux Palestiniens, Mélenchon, en déplacement en Arménie, leur adresse une vidéo : «Vous êtes l’honneur de notre pays.» Toute la journée, ce 26 avril, des figures insoumises défileront rue Saint-Guillaume. «Est-ce que ça aura le même effet que les campus américains pendant la guerre du Vietnam ?» s’interroge le député LFI Hadrien Clouet ce jour-là, avant de se rendre à son tour dans cette fabrique de l’élite. «A l’époque aussi, ça commence à Berkeley. La question, c’est quel effet de contamination ?» Le lundi, la mobilisation s’étend à la Sorbonne, évacuée le soir même, avant de toucher Tolbiac mardi.
«On a obtenu le respect dans la jeunesse et les quartiers»
Depuis 2017, le socle électoral de Mélenchon s’est solidifié autour de deux pôles : les quartiers populaires et la jeunesse. En 2022, les 25-34 ans qui se sont exprimés ont voté à 34 % pour le candidat de gauche. Pour gagner, l’ancien socialiste pense qu’il doit entretenir cette base