Un débat pour trancher les recettes qui permettront le financement de la suspension des retraites. Alors que la lettre rectificative du projet de loi de financement de la Sécurité sociale a fait bondir la CFDT et la CGT, Sébastien Lecornu a voulu calmer les ardeurs des uns et des autres. «La lettre rectificative, il ne faut pas lui faire dire ce qu’elle ne dit pas, ce n’est pas la proposition définitive, a assuré le Premier ministre lors d’un déplacement à Romainville. La lettre rectificative, c’est ce qui va permettre au débat d’avoir lieu jusqu’au bout» à l’Assemblée nationale et au Sénat.
Plus tôt dans la journée, la CGT et la CFDT avaient dit jeudi leur opposition aux solutions choisies par le gouvernement pour financer la suspension de la réforme des retraites, qui mettent à contribution mutuelles et retraités. «Pour la CFDT, il n’est pas possible que la désindexation des pensions prévoie quasiment deux années blanches pour les retraités en 2026 et 2027, avait réagi le numéro 2 cédétiste Yvan Ricordeau. Les retraités les plus modestes ne peuvent supporter une telle mesure.»
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La suspension de la réforme des retraites de 2023, qualifiée par la CFDT lors de son annonce le 14 octobre de «vraie victoire des travailleuses et des travailleurs», sera financée en partie par une hausse du taux de la contribution des organismes complémentaires (mutuelles, assurances de santé…), qui passera de 2,05 % à 2,25 % en 2026, selon la lettre rectificative présentée jeudi en Conseil des ministres.
D’autre part, les retraités seront davantage mis à contribution puisque la sous-indexation de leurs pensions par rapport à l’inflation, initialement prévue à 0,4 point, sera augmentée de 0,5 point supplémentaire en 2027.
«Options les plus chères»
Deux modes de financement dénoncés par la CGT. Sur la sous-indexation, le syndicat pointe, comme la CFDT, «une deuxième année blanche en 2027» et «une baisse considérable», par la voix de son secrétaire confédéral, Denis Gravouil.
Décryptage
Quant aux mutuelles, la hausse de leur taux de contribution «va encore se répercuter sur les salariés et encore plus sur les retraités», prévoit-il : «Quand on est retraité, on a déjà les options les plus chères parce qu’on a plus de besoins de financement de la santé et on se retrouve avec des prix des mutuelles et complémentaires qui n’arrêtent pas de grimper du fait des transferts de dépenses.»
«On fait payer une micro-suspension de la réforme aux retraités actuels et futurs», s’était indigné le responsable syndical, décrivant «un simple décalage, une génération [qui] va gagner un trimestre».
Mise à jour à 17h41 avec la réaction de Sébastien Lecornu