Le PS a beau chercher le compromis, il bute. Sébastien Lecornu a assuré ce mardi 28 octobre aux députés LR que «pour rien au monde» il n’accepterait de «toucher au patrimoine professionnel», faisant référence aux débats sur la taxe Zucman attendus cette semaine dans le cadre des discussions sur le budget 2026 à l’Assemblée nationale.
La porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, avait annoncé plus tôt que l’exécutif s’opposerait à toute mesure fiscale qui «touche l’appareil productif». «Vous pouvez l’appeler taxe Zucman ou taxe Zucman light, à partir du moment où ça touche à l’appareil productif, aux usines ou aux grandes start-up qui créent de l’innovation, nous serons contre», a insisté Maud Bregeon sur BFM TV.
Marine Le Pen a de son côté déclaré que les députés Rassemblement national ne soutiendront pas non plus la mesure. La taxe Zucman, c’est «non, ni light, ni hard, ni rien du tout», a-t-elle fait savoir à la presse ce mardi matin. Même son de cloche chez Les Républicains. Le rapporteur général du budget Philippe Juvin métaphorise : «Une pâtisserie allégée reste une pâtisserie.»
La taxe proposée par l’économiste Gabriel Zucman prévoit un impôt minimum de 2 % sur les patrimoines à partir de 100 millions d’euros. Très critiquée à droite et par les macronistes, cette taxe avait été adoptée par l’Assemblée nationale en début d’année, avant d’être rejetée par le Sénat. Et en amont du vote sur le budget 2026, elle a été rejetée en commission.
Pour tenter de convaincre le centre de faire un pas vers lui, le PS a proposé ce week-end une version allégée de cette mesure : instaurer un impôt minimum de 3 % sur les hauts patrimoines, à partir de 10 millions d’euros, en excluant les entreprises innovantes et familiales.
«Personne aujourd’hui n’a le luxe de l’hégémonie»
Cette proposition intervient alors que le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, et le chef de ses députés, Boris Vallaud, ont tous deux menacé le gouvernement de censure s’il n’évoluait pas sur la question de la taxation des hauts patrimoines, exigeant des mesures de justice fiscale avant la fin de la semaine.
«Je crois que personne n’est en position de lancer des ultimatums, répond ce mardi Maud Bregeon, au regard de ce qu’est l’Assemblée nationale. Ni les socialistes ni nous, personne aujourd’hui n’a le luxe de l’hégémonie et ne peut prétendre imposer son programme», a estimé la porte-parole du gouvernement.
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De fait, depuis les élections législatives de 2024, aucun groupe ne dispose à l’heure actuelle d’une majorité à l’Assemblée nationale. La discussion budgétaire a pu être entamée à la suite de la non-censure du gouvernement par les socialistes, en échange d’une suspension de la réforme des retraites. Les amendements au budget concernant la taxe Zucman devraient être examinés mardi soir ou mercredi à l’Assemblée nationale.
Mise à jour à 16 heures avec l’ajout de nouvelles prises de position.