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Taxe Zucman : François Hollande ne veut pas en faire «un fétiche»

Si l’ex-président socialiste estime dans «le Figaro» qu’une «contribution des gros patrimoines est à la fois une nécessité budgétaire et une exigence morale», l’impôt proposé par l’économiste français et voulu par les socialistes pour ne pas censurer le futur budget Lecornu n’est pas forcément la bonne solution.

François Hollande à l'Assemblée nationale, le 8 septembre 2025. (Benoit Tessier/Reuters)
ParLilian Alemagna
Rédacteur en chef adjoint
Publié le 14/09/2025 à 19h02

Quelle est la ligne du Parti socialiste sur la taxe Zucman ? Sébastien Lecornu ne s’est pas encore exprimé sur le sujet que, déjà, les dirigeants de la formation politique dont le nouveau Premier ministre a besoin pour s’éviter une censure semblent prêts à lâcher sur l’outil fiscal proposé par l’économiste français.

Dans une interview au Figaro publié ce dimanche 14 septembre au soir, l’ancien président de la République François Hollande se montre déjà prêt à revoir les ambitions de son camp à la baisse. «Ses principes font partie du débat, mais je me garde d’en faire un fétiche, affirme-t-il. Tout peut être aménagé et les modalités ont leur sens.»

Le député de la Corrèze pointe ainsi le fait que «l’intégration des actifs professionnels dans l’assiette [de cette taxe] suppose un taux bas pour éviter des cessions de parts d’entreprises qui seraient préjudiciables à l’économie». De quoi rejoindre les objections du camp présidentiel. «Attention […] au patrimoine professionnel, car c’est ce qui permet de créer des emplois et de la croissance en France», a plaidé Sébastien Lecornu dans sa première interview depuis sa prise de fonctions à Matignon, accordée à plusieurs journaux de la presse quotidienne régionale.

Nouvel ISF ? Hausse de la flat tax ?

A la recherche de «compromis», François Hollande réclame tout de même dans le Figaro une nouvelle «taxation des plus grosses fortunes». «Faire appel à la contribution des gros patrimoines est à la fois une nécessité budgétaire et une exigence morale, insiste l’ex-chef de l’Etat. Ensuite les entreprises ne sont pas pour rien dans la situation budgétaire actuelle, dans la mesure où elles ont été très soutenues par l’Etat, notamment pendant la crise sanitaire et bénéficient de baisses d’impôts et de cotisation depuis 2017. Il est donc assez logique que leur participation à l’effort général soit requise.» «Il faut qu’il y ait une contribution sur les grandes fortunes», a-t-il répété ce dimanche soir sur BFM TV.

Et si ce n’est pas la taxe Zucman ? Hollande propose une «taxation se concentrant sur le patrimoine mobilier et immobilier, comme c’était le cas avec l’impôt sur la fortune», supprimé au début du premier quinquennat d’Emmanuel Macron. Cet impôt, selon lui, pourrait «supporter un taux plus élevé puisqu’il ne prend pas en compte l’outil de travail».

«L’objectif doit être de dégager un rendement sans risque d’optimisation ou d’évasion», ajoute-t-il avant de proposer «une autre voie [qui] consisterait à appréhender non plus les patrimoines, mais les revenus du capital, en augmentant le taux de la “flat tax”», ce prélèvement forfaitaire unique à 30 % créé lui aussi en 2018. «La fiscalité des grandes fortunes n’est pas aussi univoque qu’on veut bien le dire», insiste le socialiste.

Le 10 septembre sur France Info, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, s’était déjà montré «prêt à regarder» une «autre taxe qui aurait les mêmes effets» que la taxe Zucman, que les socialistes ont inscrite dans leur contre-budget. Mais le député PS Philippe Brun a prévenu auprès de Libération : «On ne va pas tomber dans le panneau, on est échaudés par la dernière fois. Il faut qu’ils disent clairement qu’ils mettent en place une taxation conséquente des plus riches.» Et ce n’est pas encore le cas.