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Taxer les «rentes», ou quand le lexique macroniste resurgit à côté de la plaque

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Le Premier ministre Gabriel Attal a semé le trouble, y compris dans son camp, en annonçant une mission dans la majorité chargée de réfléchir à «une taxation des rentes». Car le mot ne revêt plus, aujourd’hui, la même signification qu’aux origines du macronisme.
Gabriel Attal à l'Assemblée nationale le 3 avril 2024. (Bertrand Guay/AFP)
publié le 5 avril 2024 à 18h39

Face aux quelques voix dans sa majorité qui réclament de taxer les plus riches et les superprofits des entreprises, Gabriel Attal a répondu mardi vouloir «une taxation des rentes». Les rentes ? De quoi parlait-il exactement en utilisant ce mot flou et daté ? «On entend aussitôt les droits de succession», s’inquiète un député Renaissance. Ou une désindexation des pensions de retraite, de quoi affoler l’électorat senior, celui qui constitue aujourd’hui le socle du vote macroniste. Le Premier ministre a dû se hâter de rectifier le tir. Dans le Monde ce jeudi 5 avril, Attal a expliqué viser «la rente de situation d’entreprises qui font du profit et des bénéfices à travers l’inflation», d’abord chez les groupes d’énergie, ainsi que «les opérations type rachats d’actions, menées par des grands groupes pour faire monter leur cours». Et non, «les particuliers ne seront pas touchés». Nous sommes assez loin de l’étymologie du mot «rente», qui désigne un revenu régulier pas directement issu du travail. Et dans le langage courant, un revenu indu qui enrichit des privilégiés.

On ne s’en souvient guère, mais la critique des «rentes» était omniprésente durant la première campagne d’Emmanuel Macron. Il avait remis au goût du jour la guerre cont