C’est la petite nation du Tour, le peuple du bord des routes. Ils se tiennent au coude-à-coude. Les camping-cars broutent la même herbe. Ils hèlent d’un même cri la caravane et les coureurs. Ils partagent ensemble les rives des départementales. Après un grand départ à Florence, le Tour perce depuis mardi 2 juillet une France au seuil d’un séisme politique. A ce sujet, le peloton s’enferme dans le silence, trop occupé à courir à travers des territoires ruraux qui ont massivement choisi le Rassemblement national. Mais le bas-côté, c’est la parole libérée. La passion invite à se raconter et les vies se profilent en quelques minutes. Un souffle suffit pour évoquer le travail, la maladie, la famille. Et le vote, conscient, affirmé, impatient avant dimanche 7 juillet. Alors Libération s’est garé sur le bas-côté et a cueilli les soupirs.
Etape 4, Pinerolo-Valloire
Kilomètres 25, cocos-rico
Ils sont seuls dans une montée de rien, dans le creux de la route, sous l’auvent de leur camping-car. La frontière se situe à quelques kilomètres, le peloton est encore en Italie. Leïla et Yoann sont «on Tour». Quand un camion de la caravane file devant leurs yeux, Yoann hurle : «Allez Guingamp ! Il est de Guingamp, lui !» Ils viennent du Finistère. Ils sont partis depuis Quimper pour qu