La cheffe de file des députés du Rassemblement national, Marine Le Pen, a entamé ce dimanche 5 janvier une visite de deux jours à Mayotte, où elle prévoit de rencontrer secouristes et sinistrés trois semaines après le passage du cyclone Chido, et huit jours avant la rentrée des classes.
A défaut d’apporter des tonnes d’aide, ou de pouvoir annoncer des mesures comme Emmanuel Macron puis François Bayrou avant elle, cette visite de Marine Le Pen est «un signe de soutien [et] d’affection pour nos compatriotes Mahorais», a affirmé son porte-parole Laurent Jacobelli samedi sur France Inter. La leader d’extrême droite est arrivée sur l’île dévastée «en début d’après-midi, par un vol militaire», comme l’expliquait son entourage avant le déplacement.
Une fois sur place, elle s’en est prise immédiatement au plan «Mayotte debout» préparé par le gouvernement : «Il ne va pas assez loin parce que je pense qu’il manque un volet important qui est un volet diplomatique, sans lequel beaucoup des choses qui sont promises ne seront pas tenues.» Elle a ensuite dénonce, comme à son habitude, «l’immigration clandestine» : «Pardonnez-moi d’avoir été la première […] à avoir dit que faire des promesses pour faire des subventions, donner de l’argent à Mayotte ne servirait à rien si on ne règle pas le problème de l’immigration clandestine», en provenance notamment des Comores voisines.
Dans ce département le plus pauvre de France, en proie à une forte pression migratoire venue notamment des Comores voisines, le RN et sa dirigeante ont été plébiscités aux dernières élections présidentielle et législatives. Le parti à la flamme y a même obtenu en juillet dernier un de ses deux premiers sièges de députés en outre-mer. «Marine Le Pen est très appréciée à Mayotte», où «la population réclame sa descente», assure ainsi l’élue RN mahoraise à l’Assemblée Anchya Bamana.
Un accueil moins hostile que pour Macron
En ce sens, Marine Le Pen promet d’«amender» le projet de loi d’urgence qui va être présenté mercredi prochain en Conseil des ministres et doit être examiné la semaine suivante au Parlement, pour une adoption espérée par l’exécutif avant la fin janvier. Elle avait prévenu qu’elle comptait exercer «une pression supplémentaire sur le gouvernement».
Si on ne sait pas encore avec exactitude de quoi sera fait la suite du programme de Marine Le Pen, l’accueil s’annonce dans tous les cas bien moins hostile que pour le chef de l’Etat, chahuté lors de sa venue, quelques jours à peine après la catastrophe. Une prise à partie qu’il attribuera ensuite à «des gens du Rassemblement national». «Que des élus de cette envergure nationale pensent à nous en ces temps troublés, c’est important», estime ainsi le président du collectif des citoyens de Mayotte, Fatihou Ibrahim.
Mais pour d’autres, la présence de Marine Le Pen est au mieux un non-événement. «Je ne vois pas ce qu’elle peut nous apporter en ce moment», juge Anfida, une auxiliaire de vie de 32 ans interrogée vendredi par l’AFP, quand Abou, un employé de TotalEnergies de 28 ans, considère que «tous ces politiciens viennent pour nous bluffer».
Du côté de l’exécutif, Laurent Marcangeli (Horizons) se montre plus conciliant : «Je jugerai sur pièce», déclare le ministre de la Fonction publique dans la Tribune Dimanche, relevant que la finaliste des deux dernières élections présidentielles «n’avait pas tenu de discours caricatural sur la visite du Premier ministre» François Bayrou en début de semaine.
Mise à jour à 16 heures avec l’ajout de l’arrivée de Marine Le Pen à Mayotte et ses premières déclarations.