Un caillou de plus dans la chaussure - pourtant déjà bien remplie - de la candidate socialiste à la présidentielle. Le Parquet national financier indique ce mercredi avoir ouvert une enquête pour prise illégale d’intérêt contre Jean-Louis Missika. Cet ex-adjoint à l’urbanisme de la maire de Paris, également l’un des proches conseillers d’Anne Hidalgo lors des municipales 2020, était parti brièvement prendre de nouvelles fonctions au sein de groupes immobiliers.
Jean-Louis Missika, adjoint à l’innovation lors du deuxième mandat de Bertrand Delanoë (2008-2014), puis à l’urbanisme lors du premier mandat d’Anne Hidalgo (2014-2020), a démissionné en novembre d’un comité de mission constitué par le groupe immobilier Novaxia, puis du comité d’orientation et de prospective du groupe immobilier Gecina. Le PNF a ouvert son enquête préliminaire le mois suivant, en décembre.
Saisie par la maire socialiste après la révélation de sa nomination chez Novaxia, la commission de déontologie des élus du conseil de Paris y voyait un conflit d’intérêts. L’instance vient d’ailleurs de rendre à Anne Hidalgo son rapport annuel, qui pointe «une augmentation importante de l’activité de la Commission en 2021» d’après le communiqué de presse publié ce mercredi, sans pour autant mentionner le cas de Jean-Louis Missika.
«Pantouflage»
L’opposante LFI Danielle Simonnet avait dénoncé le «pantouflage» [action, pour un fonctionnaire, de quitter le service public pour le privé] de l’ex-adjoint et relevé que «l’entreprise Novaxia a été lauréate de projets d’urbanisme relevant de la Ville de Paris, et donc de l’autorité de cet adjoint». S’appuyant sur l’article 40 du code de procédure pénale qui demande à chaque fonctionnaire ayant connaissance d’un acte illégal de le dénoncer, elle avait par ailleurs adressé un signalement au PNF.
«C’est tout le bilan en matière d’urbanisme [de Missika] qui est à réinterroger, tous les projets Réinventer Paris. Servir le privé plutôt que l’intérêt général conduit a minima à des situations de conflit d’intérêts. Est-ce qu’il n’y a pas eu autre chose ?», réagit Danielle Simonnet ce mercredi.
Portrait
La loi prévoit un «droit de suite» obligeant tout agent public, pendant les trois années qui suivent la fin de ses fonctions, à signaler à la commission de déontologie ses projets professionnels afin qu’il puisse être vérifié qu’ils ne contreviennent pas aux principes déontologiques.
Après sa première démission, Jean-Louis Missika avait affirmé reconnu avoir commis «une erreur» dans une «zone grise» mais pas de «faute» sur le plan légal. «J’ai eu tort, j’aurais dû consulter la commission de déontologie et je me suis retiré instantanément de ce comité», avait-il fait valoir, précisant qu’il devait pour cette activité recevoir «une indemnité de quelques centaines d’euros». Sollicité ce mercredi, il n’a pas souhaité réagir.