C’est une controverse dont les forces du Nouveau Front populaire, reçues ce vendredi par Emmanuel Macron pour le persuader de leur ouvrir Matignon, se seraient sans doute passées. Sur le réseau social X, la députée européenne LFI Rima Hassan, connue pour son engagement en faveur de la cause palestinienne, a déclaré jeudi qu’«en dehors de la pensée hégémonique occidentale, personne ne considère le 7 octobre comme un acte de terrorisme.» Elle a ajouté que «pour la grande majorité des experts internationaux, y compris ceux de l’ONU, les violations du droit international commises par le Hamas le 7 Octobre peuvent être qualifiées de crimes de guerre. Il revient aux juridictions internationales de poursuivre leur travail en ce sens.»
A l’origine de ces propos : l’absence d’évocation des victimes du Hamas dans l’exposition organisée à New York lors de la journée internationale d’hommage aux victimes du terrorisme qui a lieu tous les 21 août. L’ONU a répondu aux critiques lors d’une conférence de presse tenue mercredi. Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général António Guterres, a souligné que «le secrétaire général a été très clair à ce sujet en dénonçant à plusieurs reprises les attaques terroristes perpétrées par le Hamas contre les Israéliens». Dès le mois d’octobre 2023, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, avait déjà dû réagir aux accusations de l’Etat d’Israël et avait alors condamné «sans équivoque les actes de terrorisme horribles et sans précédent commis par le Hamas en Israël le 7 Octobre».
«Ce n’est pas possible de tenir ce discours»
Le message de Rima Hassan – qui n’a pas donné suite à la sollicitation de Libération – lui a valu des critiques de ses opposants politiques, mais aussi au sein de l’alliance du Nouveau Front populaire, dont son parti est membre. Auteur d’un documentaire sur le quotidien des Gazaouis sous les bombardements israéliens depuis le 7 Octobre, le député LFI Aymeric Caron, lui a répondu que «les attaques du Hamas le 7 Octobre sont des actes terroristes.»
«Ce n’est pas possible de tenir ce discours», a aussi jugé le député socialiste Arthur Delaporte, demandant à la France insoumise de «clairement condamner ces propos insupportables. Notre programme est sans ambiguïté : les massacres du 7 Octobre sont terroristes.» Le programme du NFP s’engage en effet à «agir pour la libération des otages détenus depuis les massacres terroristes du Hamas, dont nous rejetons le projet théocratique, et pour la libération des prisonniers politiques palestiniens.»
Le 29 avril dernier, sur France 2, Rima Hassan avait déjà exprimé sa position sur la qualification des attaques du Hamas, expliquant qu’il fallait «distinguer la légitimité d’un groupe armé à opérer pour son autodétermination du caractère de son mode opératoire. Les attaques du 7 octobre relèvent de crimes de guerre, voire contre l’humanité.»
Immunité parlementaire
Alors que Rima Hassan publiait ce tweet, une autre initiative, orchestrée par des proches du Président, suscitait également de vives réactions. Dans une tribune parue dans le Point, 51 députés du camp présidentiel ont réclamé à la «présidente du Parlement européen de lever l’immunité parlementaire de Rima Hassan en cas de poursuites judiciaires, ainsi que de prendre des sanctions disciplinaires». Ils l’accusent d’avoir participé à une manifestation pro-Hamas en Jordanie. L’élue a récusé cette qualification pour le rassemblement.