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Réactions

«Un mois pour ça ?», «ministre du délogement», que «des seconds couteaux»… Le remaniement du gouvernement Attal mis à mal

Après 28 jours d’attente, les 35 visages du gouvernement complet de Gabriel Attal ont été dévoilés jeudi 8 février. Les premières réactions suscitées par cette équipe, pas si nouvelle, sont plutôt critiques.
Le Premier ministre, Gabriel Attal, jeudi 8 février à Blendecques, dans le Pas-de-Calais. (Sameer Al-Doumy/AFP)
publié le 9 février 2024 à 10h36

Après trois jours de «suspense» (et vingt-huit jours d’orphelinat pour certains ministères), les derniers noms du gouvernement Attal sont finalement tombés jeudi 8 février en fin de journée. Vingt ministres délégués et secrétaires d’Etat viennent compléter la liste des quatorze ministres du gouvernement Attal.

Cette photo de famille, un peu trop familière, maintient l’équilibre paritaire avec 18 femmes et 17 hommes, ainsi que les équilibres politiques déjà en place avec quatre Modem, deux Horizons et une ancienne socialiste. Comme une impression de tourner en rond pour le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, invité jeudi soir sur France Info, qui n’a pas manqué de s’agacer : «Un mois pour ça, un mois pour que les mêmes reviennent ? On se demande s’il y a encore des gens qui sont prêts à venir rejoindre un radeau qui dérive d’heure en heure et dont on ne comprend pas le cap.»

Son de cloche similaire du côté de la secrétaire nationale d’Europe Ecologie-les Verts, Marine Tondelier, qui estime que peu importe qui se réunit autour de Gabriel Attal, son gouvernement «restera toujours un gouvernement en faveur des plus riches».

Alors qu’Aurélien Pradié, député Les Républicain du Lot, fustige une «farce de remaniement» sur son compte X (ex-Twitter), le député Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, demande d’ores et déjà une nouvelle motion de censure dans une vidéo postée sur ses réseaux : «Des seconds couteaux succèdent à des seconds couteaux. François Bayrou fait exploser ce qui reste de minorité parlementaire. Vite une motion de censure, une dissolution et de nouvelles élections législatives !»

«Eternel recommencement»

De l’autre côté du spectre politique, Manon Aubry, eurodéputée La France insoumise, critique vigoureusement la «maison des horreurs» qu’est le nouveau gouvernement Attal : «De nouveaux bourreaux arrivent mais on connaît déjà la sentence : chasse aux pauvres, coupes dans nos services publics, attaque au logement social, a-t-elle cinglé sur le plateau de France Info ce vendredi. En bonus, un ministre du Logement, [Guillaume] Kasbarian qui a criminalisé les sans-abri. Ça valait le coup d’attendre un mois.»

L’arrivée de Guillaume Kasbarian, 36 ans, au Logement a également fait l’effet d’une gifle pour les acteurs du milieu, notamment pour la Confédération nationale du logement, dont le président, Eddie Jacquemart, «aurait préféré qu’il n’y ait pas de ministre». C’est «un ministre qui a passé une loi qui confond les mal-logés et les squatteurs», a-t-il réagi sur France Info. Et d’assener : «C’est une véritable déclaration de guerre aux locataires.»

«Guillaume Kasbarian est l’auteur de la loi la plus répressive sur les expulsions depuis des décennies», a lancé sur X le communiste Jacques Baudrier, adjoint au Logement à la mairie de Paris, tandis que le chef des sénateurs écologistes, Guillaume Gontard, moquait l’arrivée d’un «ministre du délogement».

Véritable provocation pour les élus de gauches, l’arrivée du jeune ministre n’a pas manqué de faire bondir Mathilde Panot, cheffe des députes LFI, qui a dénoncé sur X l’entrée au gouvernement d’un homme «dont le seul fait d’armes est d’avoir facilité les expulsions», ce qui «est un crachat aux visages des 4 millions de personnes mal logées et 330 000 personnes sans-abri».

A l’Education nationale, «une valse des ministres» qui inquiète les syndicats

Soupir de soulagement pour les syndicats de l’Education nationale après vingt-huit jours de crise aux commandes du maxi-ministère comprenant également la Jeunesse, les Sports et les Jeux olympiques et paralympiques, Amélie Oudéa-Castéra perd l’Education nationale mais garde les sports. C’est Nicole Belloubet, ancienne garde des Sceaux (2017-2020), qui a été rappelée pour la remplacer. Pour Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, principal syndicat du second degré (collèges et lycées), «le départ d’Amélie Oudéa-Castéra est une victoire, et la preuve qu’Emmanuel Macron a mis du temps à comprendre ce qui se passait dans l’Education nationale, mais a fini par en prendre acte».

Sur le plateau de France Info au moment de l’annonce de la nomination de Nicole Belloubet, Guislaine David, cosecrétaire générale et porte-parole du syndicat SnuiPP-FSU, a exprimé son souhait que la nouvelle ministre puisse «répondre sur nos conditions de travail, sur les conditions de l’inclusion des élèves en situation de handicap, les questions de rémunération des personnels». Optimiste, la porte-parole du syndicat des instituteurs considère que la nouvelle ministre de l’Education nationale «a le profil», puisqu’elle a déjà été confrontée à l’Education nationale lorsqu’elle était rectrice des académies de Limoges puis de Toulouse.

Au micro de France Inter, Elisabeth Allain-Moreno, la secrétaire générale du syndicat d’enseignant SE-Unsa, s’est dite exaspérée de cette «valse des ministres» au lendemain de la nomination de Nicole Belloubet. «Ce n’est pas un soulagement, c’est un éternel recommencement», s’inquiète la secrétaire générale du SE-Unsa, qui regrette une certaine «déconsidération» de la part d’Emmanuel Macron «pour l’école en France».