Tandis que François Bayrou enchaîne les réunions avec les différents partis pour obtenir dans un improbable dénouement de dernière minute, leur confiance lors du vote du 8 septembre, Emmanuel Macron a pris les devants. Le président de la République a réuni ce mardi 2 septembre à l’Elysée au déjeuner le Premier ministre et les chefs des partis membres de sa coalition gouvernementale, avant leur rendez-vous avec François Bayrou dans l’après-midi.
Gabriel Attal (Renaissance), Edouard Philippe (Horizons) et Bruno Retailleau (Les Républicains) ont été conviés à cette réunion de crise à six jours du vote de confiance à l’Assemblée nationale qui devrait aboutir, sauf surprise, à la chute du gouvernement Bayrou, selon cette source confirmant une information du Figaro.
Selon un participant, tous les chefs du camp gouvernemental sont «contre la dissolution». Emmanuel Macron leur a pour sa part dit «qu’ils avaient un devoir de responsabilité et de stabilité». Le Président les a ainsi enjoints à «travailler avec les socialistes» et «les autres», «sauf LFI et RN», «dans la perspective du 8 [septembre] et le cas échéant après». Mardi dans les colonnes du Parisien, le président LR du Sénat, Gérard Larcher, a abondé dans le même sens. «Qu’est-ce qu’une dissolution va apporter au pays si elle ne dégage toujours pas de majorité ? Je n’en vois pas l’intérêt, a raconté Larcher. La dissolution ratée de juin 2024 n’a rien clarifié ; elle a rendu plus complexe encore la vie politique française. C’est une mauvaise décision qu’on paie toujours aujourd’hui.»
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Les responsables d’extrême droite, qui appellent depuis une semaine à de nouvelles élections législatives anticipées, ont été reçus à Matignon ce mardi dans la matinée. En sortant du bureau de François Bayrou, Marine Le Pen et Jordan Bardella n’ont pas changé de refrain.
«Nous appelons, Jordan et moi-même, à une dissolution ultra-rapide. Parce que la réalité, c’est qu’il faut que la nouvelle majorité issue de ces nouvelles élections puisse construire un budget», a affirmé la cheffe de file des députés RN à l’Assemblée, à l’issue d’une entrevue d’environ une heure avec le Premier ministre. «Plus tôt on retournera aux urnes, plus tôt la France aura un budget», a renchéri de son côté le président du parti, pour qui «le miracle n’a pas eu lieu». Comme annoncé au départ, la formation d’extrême droite s’apprête en effet à voter contre la confiance.
«L’annonce du vote du 8 septembre a cassé la possibilité de négociations»
«Les portes n’étaient pas très ouvertes. Il a indiqué […] qu’il était prêt peut-être un jour à regarder ce qu’il pouvait y avoir du côté de l’immigration. Mais je pense que le temps n’est plus à la discussion», a ajouté Jordan Bardella, fustigeant les «milliards (d’euros) qui partent en fumée dans une immigration qui est devenue une immigration de guichet social qui pèse sur les comptes de l’Etat». «Je n’ai pas eu le sentiment que François Bayrou entrait dans une phase de négociation», a appuyé Marine Le Pen. «La réponse est simple : nous n’avons pas confiance» et «le seul moyen pour un Premier ministre de pouvoir avoir une durée de vie un peu plus longue serait de rompre avec le macronisme», a-t-elle développé.
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Plus tôt, le locataire de Matignon avait reçu Raphaël Glucksmann, dont le petit parti Place publique revendique deux députés, les anciens macronistes Sacha Houlié et Aurélien Rousseau. «S’il y a un vote le 8 (septembre), il n’y a pas de confiance à accorder et de chèque en blanc à signer. C’est impossible», a déclaré celui-ci à l’issue d’un entretien qui a également duré une heure. «L’annonce du vote du 8 septembre a cassé la possibilité de […] négociations» sur le projet de budget, a expliqué Raphaël Glucksmann, en plaidant face au «problème grave» de la dette en faveur d’un «processus de négociation» qui permette d’«obtenir une majorité pour un budget».
Le Parti socialiste attendu jeudi
Lundi, les représentants du Parti communiste avaient ouvert le bal, sans être davantage convaincus. Le secrétaire national du parti Fabien Roussel a dénoncé un projet de budget «honteux», «excessivement dur pour les plus faibles» avec 44 milliards d’euros d’économies promises. Un «véritable poison mortel pour la France» qui est «peut être l’un des pires budgets de la décennie». Selon lui, le Premier ministre s’est contenté de mettre «en avant la gravité de la situation, l’état de la dette, comme si son gouvernement et tous les précédents depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017 n’étaient pas responsables de la mauvaise gestion du pays et du creusement de la dette».
Resteront ensuite mercredi l’UDR d’Eric Ciotti, allié du RN, et les députés indépendants rassemblés dans le groupe Liot. Et enfin jeudi l’UDI, le parti centriste d’Hervé Marseille, et le Parti socialiste d’Olivier Faure. Le PS, dont les voix sont indispensables au gouvernement pour ne pas être renversé le 8 septembre, a déjà annoncé qu’il n’accordera pas sa confiance au gouvernement et que cette décision est «irrévocable», dixit Olivier Faure. De leur côté, bien que conviés par François Bayrou, La France insoumise et Les Ecologistes ont déjà annoncé qu’ils ne se rendront pas cette semaine à Matignon.
Mise à jour : à 14 h 20, avec la réunion organisée par Emmanuel Macron ; et à 18 h47 avec les propos de Gérard Larcher.