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Une étude montre la défiance des électeurs envers le monde politique, Emmanuel Macron particulièrement décrié

Une enquête d’opinion Ipsos pointe ce vendredi 30 août l’hostilité des électeurs envers l’ensemble du personnel politique et des institutions, après les législatives anticipées. La moitié des sondés désirent la démission du Président.
Un bureau de vote à Lyon, le 7 juillet, lors du deuxième tour des élections législatives. (Jeff Pachoud/AFP)
publié le 30 août 2024 à 17h19

Une enquête électorale du sondeur Ipsos met en avant ce vendredi 30 août les conséquences négatives de la décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale, le 9 juin. 67 % des sondés sont de cet avis. Réalisée du 26 juillet au 1er août pour la Fondation Jean Jaurès, le centre de recherches politiques de Sciences Po, l’Institut Montaigne et le Monde, auprès d’un échantillon représentatif de 11 204 personnes selon la méthode des quotas, l’étude pointe la défiance des électeurs envers l’intégralité des acteurs du monde politique.

Aucune des 19 personnalités testées n’obtient plus d’opinions favorables que d’opinions défavorables. Les actions d’Emmanuel Macron et de Jean-Luc Mélenchon sont celles jugées le plus négativement dans la période récente. Par ailleurs, pour 65 % des personnes interrogées, l’absence de majorité absolue à l’Assemblée nationale est «plutôt une mauvaise chose». Près d’un sondé sur quatre (73 %) déclare ne pas avoir confiance après sa recomposition. Seuls les partisans de gauche – à l’exception de ceux du Parti socialiste – se montrent confiants à 50 % ou plus.

Pour 73 % des sondés, «Emmanuel Macron devrait s’en tenir à un rôle d’arbitre neutre»

Au sein même des partisans du camp présidentiel et de ses alliés Modem et Horizons, 58 % des personnes interrogées jugent négatives les conséquences de la dissolution de l’Assemblée nationale pour le pays. Le panel, regroupant l’ensemble des sympathisants des autres partis, ainsi que les personnes se déclarant sans préférence partisane, est unanime. Seuls les électeurs proches de LFI sont moins sévères (54 %) que les électeurs macronistes. Les sympathisants des Républicains sont les plus durs : 81 % d’entre eux estiment négatives les conséquences de la dissolution. D’après les résultats de cette enquête électorale, les votants des partis de gauche sont les seuls à éprouver majoritairement un «sentiment positif» à la suite des résultats des élections législatives (66 %). Soit trente points de plus que les partisans du camp présidentiel.

L’action du président de la République «dans la période récente» est jugée très défavorablement : 69 % des sondés sont de cet avis. Sur les dix-neuf représentants politiques testés, Emmanuel Macron et la deuxième personnalité politique la moins bien classée, derrière Jean-Luc Mélenchon, dont l’action est jugée défavorablement à 83 %. François Hollande arrive en troisième position (67 %). C’est Yaël Braun-Pivet (EPR), la présidente macroniste de l’Assemblée nationale, qui s’en sort le mieux parmi les responsables politiques testés, avec 43 % d’opinions défavorables.

Pour près des trois quarts des sondés (73 %), «Emmanuel Macron devrait s’en tenir à un rôle d’arbitre neutre qui facilitera les négociations entre les partis, quels qu’ils soient». À noter que plus de 6 sondés sur 10 suivant la tendance politique du chef de l’Etat (63 %) sont de cet avis. Dans les tractations pour faire émerger le nom d’un ou d’une Première ministre, le chef de l’Etat est accusé par la gauche de se placer à la fois comme arbitre et comme «sélectionneur».

51 % de personnes interrogées favorables à la démission du Président

L’étude montre par ailleurs que plus de la moitié des sondés sont favorables à la démission du président de la République (51 %). Près d’un tiers d’entre eux (29 %) y est même très favorable, et souhaite donc l’organisation d’une nouvelle élection présidentielle. Dans le détail, les sympathisants LFI et du RN sont ceux qui approuvent le plus cette hypothèse – respectivement 77 % et 76 %, contre 11 % des partisans du camp présidentiel.

L’éventualité d’un gouvernement mené par le Nouveau Front populaire est jugée souhaitable par 47 % des personnes interrogées, juste derrière une coalition d’Ensemble et des Républicains (48 %). C’est une coalition entre Ensemble et les partis de gauche, sans La France Insoumise, qui est jugée la plus souhaitable (un sondé sur deux). De manière générale, et selon la proximité partisane, les sympathisants de chacun des trois blocs semblent favorables à une coalition, dans la mesure où elle permettrait à leur parti ou alliance d’atteindre une majorité dans l’hémicycle.

De leur côté, plus de huit sympathisants RN et de droite ciottiste sur dix (86 %) ressentent un sentiment négatif à l’issue des législatives anticipées. Près de la moitié évoque de la déception (48 %), près d’un tiers de la colère. Les personnes se déclarant proches du parti de Jordan Bardella estiment à 74 % que la décision du Président de dissoudre l’Assemblée nationale a des conséquences «négatives» – soit sept points de plus que l’ensemble des sondés. Selon l’étude, neuf partisans RN sur dix n’ont par ailleurs pas confiance dans la nouvelle Assemblée. C’est pourtant le parti qui y occupe le plus de sièges : 126 (dont 3 apparentés).