Il y a moins d’un mois, des assistants parlementaires s’étaient mis en grève à l’Assemblée nationale. Mais c’est au Parlement européen qu’une autre affaire fait des vagues ce lundi 4 décembre. La délégation des députés européens de La France insoumise a annoncé avoir exclu de son groupe l’élue Anne-Sophie Pelletier, pour «comportement harcelant, déplacé et agressif» vis-à-vis de 13 assistants parlementaires depuis 2019.
Dans un communiqué, la délégation indique que ces travailleurs du Parlement européen ont fait état de «conditions de travail dégradées et d’un comportement harcelant, déplacé et agressif à leur encontre de la part d’Anne-Sophie Pelletier», depuis le début du mandat en 2019. «Dans ce contexte, nous avons donc pris la décision d’exclure Anne-Sophie Pelletier de notre délégation», ajoutent les eurodéputés insoumis, jugeant ce comportement «incompatible avec les valeurs» de leur délégation. Cette dernière dit s’être assurée que des mesures soient prises pour protéger les assistants parlementaires «tout en leur permettant de garder leur emploi».
Anne-Sophie Pelletier avait conduit, au printemps 2017, une grève de 117 jours à la maison de retraite des Opalines à Foucherans (Jura), contre les conditions de travail, et la maltraitance qui en découle. Devenue eurodéputée en 2019, elle avait même été la porte-parole du personnel en grève.
Cette décision intervient plusieurs semaines après que des collaborateurs parlementaires de l’Assemblée nationale se sont mis en grève mardi 7 novembre. Non-respect du contrat forfait jour, droits au repos et à la déconnexion bafoués, pressions diverses… «Les personnes qui créent le droit n’en respectent même pas les bases les plus élémentaires, celles du droit du travail», dénonçait alors Manon Amirshahi, secrétaire générale de la CGT-CP et elle-même attachée parlementaire. Bien que les attachés parlementaires de gauche aient tendance à se tourner vers la CGT-CP, qui compte parmi les sept syndicats représentés à l’Assemblée, Manon Amirshahi pointait aussi le fait qu’ils sont «aussi sollicités par des [assistants de] groupes de droite». Et de préciser : «On sait que les problèmes décrits sont systémiques et n’ont pas de couleur politique.»
D’autres sanctions au sein de LFI
Anne-Sophie Pelletier n’est pas la première élue sanctionnée par La France insoumise. Dans une affaire d’une tout autre nature, la députée de Seine-Saint-Denis Raquel Garrido a été elle aussi sanctionnée par son groupe. Sans être exclue, elle s’est vue interdire d’être «oratrice au nom du groupe dans les travaux parlementaires pour une durée de quatre mois».
Il lui a été reproché d’avoir nui «au bon fonctionnement collectif du groupe parlementaire» par «la diffusion de fausses informations dans la presse» ou «la mise en cause et le dénigrement ad hominem de plusieurs membres du groupe». Mais des membres du groupe ont également indiqué qu’il lui était aussi reproché d’avoir «humilié des collaborateurs» à l’Assemblée. Raquel Garrido affirme de son côté avoir été sanctionnée pour avoir notamment exprimé son désaccord sur «la façon dont depuis un an La France insoumise est dirigée».
Dans une affaire plus sensible, un autre député, Adrien Quatennens, condamné en décembre 2022 à quatre mois de prison avec sursis pour des violences contre son ex-compagne, avait lui aussi été, en parallèle de cette décision de justice, suspendu du groupe LFI à l’Assemblée pour quatre mois.