Menu
Libération
Sécurité

«Une mesure réfléchie depuis des mois» : le maire écologiste de Bordeaux va armer une partie de la police municipale

Pierre Hurmic a justifié ce mercredi 13 novembre la création d’une nouvelle brigade dotée d’armes à feu, représentant environ un quart des quelque 200 agents de la capitale girondine, qui «n’est pas épargnée par la criminalité».
Pierre Hurmic à l'Elysée le 4 juillet 2023. (Ludovic Marin/AFP)
publié le 13 novembre 2024 à 14h54

Il est le premier maire écologiste à choisir d’appliquer une telle mesure. Alors qu’il s’était d’abord prononcé contre, Pierre Hurmic, maire écologiste de Bordeaux, a justifié ce mercredi 13 novembre son annonce de la veille de créer une nouvelle brigade de police municipale armée. Ce choix est «le fruit d’une évolution» car «la ville de Bordeaux, comme d’autres grandes métropoles, n’est pas épargnée par la criminalité», a-t-il avancé sur France Info. A deux ans des élections municipales, il assume une volte-face dans un contexte sécuritaire qu’il dit dégradé : «Je ne peux pas être aveugle au fait qu’il y a une délinquance qui est devenue de plus en plus violente et je suis obligée d’y répondre», a-t-il ajouté.

Concrètement, l’élu bordelais entend mettre sur pied «une brigade d’appui et de sécurisation dont les agents, et eux seuls, seront équipés d’une arme de poing». Cette nouvelle entité devrait être opérationnelle mi-2025, et comprendra une cinquantaine de policiers municipaux «formés et bénéficiant d’une évaluation psychologique». Plaidant le «pragmatisme», Pierre Hurmic a également dit vouloir réintroduire une «police de proximité», avec des brigades d’une vingtaine d’agents dans cinq zones géographiques.

Celui qui avait affirmé en avril ne pas vouloir être un «maire shérif», et qui rassure ce mercredi sur France Info ne toujours pas en être un, a admis mardi avoir pris une décision «qui ne serait pas forcément celle» qu’il aurait prise «en début de mandat». Il assure pourtant sur les ondes de Radio France que c’est «une mesure réfléchie depuis des mois». Pierre Hurmic rejetait il y a encore quelques mois les critiques de ses opposants sur le sujet, les qualifiant de «délibérément mensongers» et considérant que Bordeaux, était «plutôt moins touchée que d’autres» villes face à une hausse de la délinquance au niveau national. Son prédécesseur Les Républicains Nicolas Florian, l’avait notamment accusé d’être «dans le déni de responsabilité» après la publication d’un classement des villes «les plus sûres de France» où Bordeaux était reléguée à la 110e place sur 119 cas étudiés.

De leur côté, les policiers municipaux bordelais avaient fait grève fin juin pour réclamer d’être équipés d’armes létales. Jusqu’ici, ils étaient équipés de pistolets à impulsion électrique, de gazeuses et de matraques télescopiques.

«Sous-effectif criant»

L’annonce de Pierre Hurmic ne trouve néanmoins pas grâce aux yeux du macroniste Thomas Cazenave, ancien ministre délégué chargé des Comptes publics, député de la Gironde et membre de l’opposition du conseil municipal de Bordeaux. Regrettant dans un message sur X (ex-Twitter) le «‘‘en même temps’’ bancal» du maire Bordelais, l’ex-membre du gouvernement estime que sa décision «ne répond toujours pas au problème de sous-effectif criant [de la police municipale] dans nos quartiers à Bordeaux».

Parmi les grandes métropoles françaises, Paris, Lille, Rennes, Nantes et Grenoble n’autorisent pas leurs policiers à disposer d’armes létales. Mais sur l’ensemble du territoire, selon des chiffres de 2022, la moitié des 24 000 policiers municipaux sont dotés d’une arme à feu.