Un million de signatures dimanche 20 juillet à 17 h 50. Et désormais 1,86 million ce jeudi à 11 heures. La pétition citoyenne pour l’abrogation immédiate de la loi Duplomb bat des records depuis deux semaines et son dépôt sur le site de l’Assemblée nationale. Elle dénonce notamment la mesure très contestée de réintroduction d’un pesticide, définitivement adoptée le 8 juillet.
«La Loi Duplomb est une aberration scientifique, éthique, environnementale et sanitaire. Elle représente une attaque frontale contre la santé publique, la biodiversité, la cohérence des politiques climatiques, la sécurité alimentaire et le bon sens», écrit Eléonore Pattery, étudiante de 23 ans à l’origine du texte. «Cette loi est un acte dangereux. Pour les travailleurs, les habitants, les écosystèmes, les services écosystémiques, et pour l’humanité tout entière», ajoute-t-elle. «Je ne suis affiliée à aucun parti», précise-t-elle sur son compte LinkedIn.
Interview
Pétition la plus soutenue
Elle réclame l’«abrogation immédiate» de la loi, «la révision démocratique des conditions dans lesquelles elle a été adoptée», ainsi que «la consultation citoyenne des acteurs de la santé, de l’agriculture, de l’écologie et du droit».
Lancée le 10 juillet, elle est la pétition la plus soutenue de l’histoire de cette plateforme de la Chambre basse, loin devant celle demandant la dissolution de la Brav-M (263 887 à ce jour), l’unité de police à moto très présente dans les manifestations et dont les méthodes sont vivement décriées.
Tribune
«Tout a été fait pour que la loi Duplomb soit votée en catimini, c’est raté», a réagi la porte-parole de ce collectif, Fleur Breteau, qui voit dans l’engouement suscité par la pétition le signe d’«une prise de conscience que l’heure est grave et que c’est à nous, société civile, de prendre le relais». «On n’est pas en train de dire que l’affaire est réglée mais c’est le début d’une nouvelle séquence politique à laquelle je pense ni le gouvernement ni les 316 députés qui ont voté la loi ne s’attendaient», a-t-elle ajouté. «La prochaine étape va être de dire “on est à un carrefour : soit on choisit une transition écologique majeure soutenue par l’Etat, soit la France devient empoisonnée à perpétuité et devient championne du monde des cancers”.»
La Conférence des présidents de l’Assemblée nationale peut décider d’organiser un débat en séance publique si elle recueille au moins 500 000 signatures. Mais rien n’est contraignant.
Adoptée le 8 juillet au Parlement, la loi Duplomb prévoit notamment la réintroduction à titre dérogatoire et sous conditions de l’acétamipride, pesticide de la famille des néonicotinoïdes, interdit en France mais autorisé en Europe. Les députés de gauche ont saisi le 11 juillet le Conseil constitutionnel, estimant ce texte incompatible avec la préservation de l’environnement et le droit à la santé.
Mise à jour le 24 juillet à 11 heures avec le nouveau nombre de signatures.