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«Une première victoire» : la gauche applaudit la censure partielle de la loi Duplomb, la droite et l’extrême droite se font discrètes

Après que le Conseil constitutionnel a rejeté l’autorisation de l’acétamipride, un pesticide interdit depuis 2020, la gauche s’est empressée de saluer cette «excellente nouvelle pour la santé publique et l’environnement».
Devant le Conseil constitutionnel, à Paris, ce jeudi 7 août. (Stephane Lagoutte/Myop pour Libération)
publié le 7 août 2025 à 21h03

Une victoire en demi-teinte mais une victoire tout de même. «Grâce à notre recours au Conseil constitutionnel, celui-ci censure le cœur de la loi Duplomb soutenue par le gouvernement», s’est réjoui l’insoumise Aurélie Trouvé sur X. Alors que le Conseil constitutionnel rendait ce jeudi 7 août sa décision sur la loi Duplomb, il l’a censuré partiellement, rejetant notamment l’autorisation de l’acétamipride, un pesticide toxique de la famille des néonicotinoïdes. «Le combat continue, c’est toute la loi qui doit être repoussée !» a ajouté la députée de Seine-Saint-Denis.

Cette proposition de loi «visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur», vivement contestée par la gauche, permettait la réintroduction de ce pesticide interdit depuis 2018 mais toujours autorisé en Europe. «La censure partielle est une première victoire pour les forces citoyennes et la communauté scientifique mobilisées contre ce texte», a réagi sur Bluesky la cheffe de file des Ecologistes sur ce texte, Delphine Batho. Mais loin des grands discours victorieux, l’ancienne ministre de l’Ecologie a regretté que «plusieurs autres dispositions obscurantistes de la loi Duplomb ne [soient] pas censurées». Pour la secrétaire nationale des Ecologistes, une image doit valoir mille mots : Marine Tondelier a tweeté un simple émoji tournesol. Au Parti socialiste, le Premier secrétaire Olivier Faure a quant à lui applaudi «une victoire pour l’écologie, la santé, la démocratie».

D’une manière générale, la gauche, unie sur le sujet, a salué cette décision, du député Place publique et ancien ministre de la Santé Aurélien Rousseau à l’insoumis Manuel Bompard, qui a applaudi la «mobilisation populaire extraordinaire et à la détermination sans faille des élus insoumis et écologistes». Alors qu’une pétition avait recueilli plus de 2 millions de signatures contre ce texte, plusieurs responsables politiques applaudissent justement cette mobilisation populaire inédite. «Bravo aux 2 millions de citoyen·ne·s qui ont signé la pétition contre cette loi absurde et dangereuse», a réagi le sénateur communiste Ian Brossat, applaudissant «une excellente nouvelle pour la santé publique et l’environnement».

«Le Conseil constitutionnel censure en toute logique»

Toujours en vacances ou manque d’inspiration ? Les soutiens du texte se sont faits discrets après la décision des «sages». Si Emmanuel Macron «a pris bonne note de la décision du Conseil constitutionnel» et «promulguera» le texte «tel [qu’il] résulte de cette décision dans les meilleurs délais» selon l’Elysée, les macronistes n’étaient pas très nombreux à réagir. «Nous avons une Constitution. Elle impose des principes dont celui de non-régression environnementale, a sobrement posté sur X le MoDem Erwan Balanant. Le conseil constitutionnel censure en toute logique.» Vilain petit canard des Renaissance sur ce sujet, le député Eric Bothorel est l’un des seuls de son camp à s’opposer à la réintroduction de ce pesticide. «Ça, c’est fait !» s’est réjoui l’élu des Côtes-d’Armor sur X.

Le chef de file des députés LR, Laurent Wauquiez, a quant à lui dénoncé «le niveau d’ingérence des juges constitutionnels» qui «devient un vrai problème pour notre démocratie». «Difficile encore une fois de trouver normal que le Conseil constitutionnel décide à la place des élus d’interdire ce qui était autorisé il y a cinq ans», a-t-il écrit sur X.

Pourtant bavarde sur les plateaux ces derniers jours, l’extrême droite n’est pas bien plus présente dans le débat ce jeudi soir. «Adieu l’agriculture française, bonjour les importations. Encore un secteur saccagé par Emmanuel Macron et Bayrou», a posté le député RN Sébastien Chenu. Marine Le Pen, elle, a fustigé la décision du Conseil constitutionnel auquel elle reproche de se comporter « comme un législateur », sans « légitimité démocratique ».

Cette proposition de loi, déposée au Sénat le 1er novembre par les sénateurs de droite Laurent Duplomb (LR) et Franck Menonville (UDI), a connu un parcours parlementaire compliqué. Adopté par le Sénat et l’Assemblée nationale les 2 et 8 juillet, le texte est passé par une commission mixte paritaire après qu’une motion de rejet a été votée en première lecture au Palais-Bourbon… par les soutiens du texte. Une manœuvre de la droite et de l’extrême droite pour éviter la chambre basse où le texte risquait de ne pas être étudié alors que l’opposition avait déposé plus de 3 500 amendements. Mais le Conseil constitutionnel n’a pas jugé que la procédure avait été irrégulière.